Correspondance issue de la très fameuse et célèbre édition dite de Kehl, édition posthume des Œuvres de Voltaire réalisée par Beaumarchais ; celle-ci comprend 12 volumes de correspondance générale, 2 volumes pour la correspondance avec d'Alembert, 3 volumes pour la correspondance avec le roi de Prusse, 1 volume des lettres de l'Impératrice de Russie et 1 volume contenant la vie de Voltaire par Condorcet, les mémoires de Voltaire et la table de ses œuvres.
Demi basane blonde de l'époque. Dos lisses ornés de pièces de titre et de tomaisons de basane et de filets dorés, dates dorées en queues de certains volumes. Basane un peu frottée sur les dos et coiffe de tête du premier volume un peu accidentée (sans manque). Quelques rousseurs et quelques très rares et pâles mouillures.
L'édition de l'abondante correspondance de Voltaire (plus de 9000 pages) fut fastidieuse et ponctuée de plusieurs incidents. Elle commença par un important travail de rassemblement de lettres par Panckoucke et Beaumarchais, le premier refusant parfois de céder le fruit de ses trouvailles à son comparse. Ce travail d'assemblage s'étendit sur quatre années entières. Après cette première mouture, toutes les éditions suivantes de la correspondance furent victimes de la censure : En 1786, les autorités de Bade censurèrent celle entre Voltaire et Frédéric II ; L'année suivante, Beaumarchais envisagea d'exclure les lettres à d'Alembert et les censurera finalement en partie ; En 1788, ce fut au tour de l'Empire Russe de censurer, avec l'appui de Versailles, la correspondance entre Voltaire et Catherine II.
Un mot sur l'édition de Kehl à laquelle appartient cette correspondance : Elle vit le jour en 1777, lors d'une visite de Panckoucke à Ferney, durant laquelle ce dernier obtient l'autorisation de Voltaire (qui travaillera à ses côtés deux ans avant de mourir). Quelques mois plus tard, Panckoucke, dont les moyens politiques et logistiques sont insuffisants, céde les droits à Beaumarchais, lequel mit en oeuvre des moyens considérables : achat des caractères de Baskerville, mise en place de souscriptions et d'une loterie, annexion du fort de Kehl (loué 20 ans pour l'occasion !), achat d'une dizaine de presses...L'édition de ce grand oeuvre ruinera Beaumarchais qui écrivit néanmoins : "l'Europe sera satisfaite et moi j'aurai perdu 600 000 livres (...) depuis 5 ans. J'ai eu l'audacieux courage de tenir parole à l'Europe".