Gravure originale in folio non rognée, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon.
Planche dépliante ornée d'une gravure subdivisée en 2 figures, ainsi décrites par l'auteur:
Les deux parties d'un zodiaque sur les deux plates-bandes les plus opposées du plafond du portique du temple de Tintyra (voyez le plan, planche XL, n° 8): les deux grandes figures enveloppantes paroissent être celles de l'année. Le signe ailé qui est devant leur bouche est celui de l'éternité ou le passage du soleil aux solstices : le disque qui est à la jointure des cuisses de la figure n° 1, le soleil, d'où il part un faisceau de lumiere qui tombe sur une tête d'Isis, qui représente ou la terre ou la lune ; le soleil, placé au signe du cancer, peut servir d'époque à l'érection du temple: les figures jointes aux signes, les étoiles fixes ; celles dans les bateaux, les étoiles mouvantes, les planetes, et les cometes. Plus les objets de ces tableaux sont importants, plus ils me paroissent devoir être laissés aux savants à qui ils appartiennent ; mes observations doivent porter plus particulièrement sur les petits objets isolés, auxquels les localités, les rapprochements, les circonstances, donnent de l'intérêt, auxquels les détails de mes observations peuvent quelquefois donner de l'existence.
Ces grandes plates-bandes sont sculptées et peintes ; les personnages en couleurs naturelles sur un fond bleu semé d'étoiles jaunes : je n'ai marqué que celles qui sont en relief, les autres étant en nombre indéfini, et ayant disparu pour la plupart par la dégradation.
Les inscriptions sont exactes; j'ai marqué par de petits traits les endroits où la dégradation ne m'a pas permis de distinguer les figures ; un grand éclat de pierre qui est tombé en a emporté plusieurs de la seconde bande.
Quelques rousseurs principalement marginales, deux habiles restaurations anciennes à l'aide de morceaux d'un papier similaire au verso, sinon bel état de conservation.
Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres.
Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie.