Gravure originale in folio, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon.
Planche ornée d'une gravure subdivisée en 2 figures, ainsi décrites par l'auteur:
Le n° 1 est le plan du petit appartement qui est sur le comble du grand temple de Tintyra : il est bien difficile de dire quel en a été l'usage: étoit-ce un oratoire, un observatoire, un sanctuaire, un appartement ? à en juger par les sujets qui y sont sculptés, on pourroit croire que c'étoit un lieu d'étude , un lieu consacré à l'astronomie, ou consacré peut-être tout entier à la sépulture d'un personnage recommandable qui y auroit inscrit des découvertes, le résultat des études de sa vie ; on y entroit par une petite porte, n° 4 : la première piece, C, est sans plafond , et a l'air d'une petite cour fermée, décorée avec le même soin que les autres pieces ; contre le mur latéral de droite est représentée une momie couchée, sous laquelle est une longue inscription ; une porte, n° 2, entroit dans la piece B, éclairée de deux grandes croisées ; sur le plafond de cette piece est sculpté le planisphere céleste, même planche, n° 2 ; une grande figure, planche CXVIII, n° 5, et un autre bas-relief, planche CXXIX, n° 4 ; la piece A, presque absolument obscure, ne reçoit d'air et de lumiere que par la porte, n° 1 ; son plafond est décoré de deux bas-reliefs, dont on peut voir le dessin d'une partie, planche CXXIX, n° 6 : je n'ai pas eu le temps de dessiner l'autre à part ; il étoit moins intéressant et très fruste : cette esquisse en petit en est la masse sans détail.
N° 2. Lorsque j'ai fait le dessin de ce planisphere, je n'ai pas espéré en donner l'explication, mais apporter une preuve que les Égyptiens ont eu un système planétaire, que leur connoissance du ciel étoit réduite en principes, que la seule image de leurs signes prouvoit évidemment que les Grecs avoient pris ces signes chez eux , et que par les Romains ils étoient arrivés jusqu'à nous ; j'ai cru enfin me mettre dans le cas d'offrir aux savants et aux antiquaires de l'Europe un hommage digne d'eux, et mériter leur reconnoissance.
Légère insolation, quelques infimes petites taches, sinon bel état de conservation.
Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres.
Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie.