Gravure originale in folio non rognée, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon.Planche composée de 3 vues ainsi décrites par l'auteur:N° 1. Tombeaux musulmans en briques, en pierres ou en marbre : le corps est introduit par l'ouverture cintrée, et repose sur une terre douce et tamisée : au-dessus du tombeau est figuré un turban, et vis-à-vis est une inscription contenant le nom, les titres, et quelquefois l'éloge du mort. Les figures pleurent et prient; cérémonie qui se renouvelle chaque semaine, et qui devient le jour de fête pour les femmes : tant leur régime est dénué de tout ce qui est agrément, puisque pleurer est compté au nombre des plaisirs de leur vie !N° 2. Cimetiere des Mamelouks, à l'est du Caire, du côté de la porte d'El-Kerasé. Les monuments les plus considérables sont les tombeaux des beys en marbre, avec des ornements peints et dorés, et d'un goût d'architecture plus agréable que régulier, mais dont les masses offrent un aspect de magnificence et de grace, qui donneroit à qui arriveroit au Caire par ce côté une idée de splendeur de cette ville, qui seroit bien démentie par la réalité : toutes ces richesses sur un sol triste et âpre donnent à ce lieu calme et silencieux un caractere particulier, auquel je n'ai rien vu de comparable. A droite est la mos quée de Cheroiné ; suit une partie de l'aqueduc qui porte l'eau du Nil au Caire ; tout le reste sont des tombeaux de particuliers : le petit groupe de figures est un enterrement.N° 3. Boulac, petite ville séparée du Caire, et que l'on peut regarder comme son port ; c'est à ce port que se rendent toutes les embarcations de la basse Egypte et toutes les provisions et marchandises qui viennent de la haute : Boulac, bâtie dans les premiers siecles de l'hégire, a des monuments arabes d'une charmante exécution.La scene représente le marché aux bleds, que l'on voit exposés en tas, et le marché aux poissons, qui se fait aussi dans ce même lieu.Sur le dernier plan, derriere les barques, on appercoit Embabéh, village devenu fameux par la bataille des pyramides.Légères rousseurs, sinon bel état de conservation. Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres.Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie.