Gravure originale in folio non rognée, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon.
Planche composée de 2 vues ainsi décrites par l'auteur:
N° 1. Plan et élévation géométrale du naourah ou machine à élever l'eau.
A. Axe de la roue dentée horizontale.
B. Bras du levier, à l'extrémité duquel agit la puissance.
C. La citerne.
D. La roue à godet.
E. La roue dentée.
F. La roue motrice du mouvement.
NOTE SUR LA ROUE A GODET.
Le mécanisme de la roue est si simple, que la seule inspection du plan suffit pour le faire concevoir ; il y a seulement un mot à dire sur la charpente de la grande roue.
Quatre circonférences d'environ quinze lignes d'équarrissage chacune forment les arêtes ; elles sont soutenues par de petites pieces de bois du même équarrissage, placées perpendiculairement au plan de la roue, et distantes l'une de l'autre de la longueur d'un godet ; elles servent en même temps et à soutenir les arêtes, et à appuyer les petites planches qui forment la séparation des godets. Cet assemblage est consolidé par huit traverses clouées sur le plan de la roue, et quelquefois liées ensemble par leur extrémités, prolongées au-delà de la circonférence de la roue, avec une corde ou une petite piece de bois; ses traverses servent à assembler la roue avec son axe : quatre pieces de bois, clouées obliquement sur les traverses, et fixées intérieurement à la roue, augmentent encore la solidité.
Cette charpente est recouverte de planches d'environ quatre ligues d'épaisseur. Il paroît que les Égyptiens ne suivent point de méthode pour la coupe de ces planches ; ils les emploient de maniere qu'il n'y ait rien de perdu, sans avoir égard à la forme; deux rangs de tringles, appliquées sur chaque face, servent encore à fixer ces planches, d'ailleurs clouées sur les arêtes.
L'ouverture de chaque godet a trois pouces carrés de surface ; celle qui est destinée à faciliter l'entrée du fluide a quinze lignes de largeur, et pour longueur l'épaisseur de la roue.
Si l'on fait abstraction du frottement dans cette machine, on trouve que, dans le cas d'équilibre, la puissance est à la résistance comme le produit du rayon de la roue principale par le rayon de la roue horizontale est au produit du rayon de la roue dentée verticale par le bras de levier : on peut donc mettre la machine en mouvement avec une force très médiocre en augmentant suffisamment le rayon de la roue dentée verticale et le bras de levier, ou l'une seulement de ces deux dimensions, ou encore en diminuant le rayon de la roue horizontale ; mais dans tous ces différents cas on perdra sur le temps ce que l'on gagnera sur la force. Les dimensions de la machine doivent être déterminées par la considération de la force qu'on est en état d'employer. Il est probable que les Égyptiens sont parvenus, par un tâtonnement, à se procurer les dimensions les plus convenables, eu égard à la force des animaux dont ils se servent ; ce sont ordinairement deux buffles ou deux bœufs attelés à la fourche qui forme l'extrémité du levier. Quand les dimensions de la machine sont petites, comme de douze pieds ou environ pour le diametre de la grande roue, un seul de ces animaux suffit ; ils emploient encore quelquefois un cheval ou un chameau ; quelquefois un âne tire en avant, tandis qu'un homme ou une femme pousse derriere le levier ; quelquefois les paysans fatigués s'asseyent sur la fourche, et se promenent ainsi en chassant leurs buffles devant eux.
Ce plan fait par un ingénieur, ainsi que la note explicative, m'a été donné par le général Dugua.
Le N° 2 est le tableau d'une anecdote, dont le récit est dans le journal, tom. 1, p. 263.
Légères rousseurs, sinon bel état de conservation.
Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres.
Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie.