Edition originale.
Reliures en demi chagrin noir, dos à quatre nerfs ornés de fleurons dorés, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier caillouté, reliures de l'époque.
Quelques rousseurs affectant essentiellement les pages de titre, de faux-titre, les dernières gardes ainsi que les tranches des volumes.
Notre exemplaire est bien complet de la liste des souscripteurs et de l'avertissement qui furent supprimés lorsque le solde de cette édition passa aux mains d'un autre éditeur : Dion-Lambert.
En outre, notre exemplaire est enrichi d'une lettre autographe de Chateaubriand à la duchesse Amédée de Duras, 7 lignes sur un feuillet, montée sur onglet en tête du premier volume.
L'écrivain pressé par la relecture d'épreuves ne peut se rendre chez sa "chère soeur" : "Je ne puis vous voir ce matin. j'ai été obligé de courir pour mes affaires de librairie et je rentre pour m'habiller. Je serai chez vous demain à l'heure ordinaire. Plaignez-moi et ne me grondez pas. Voilà les étrennes. mardi 9 heures et demie "
Chateaubriand écrit à Claire de Duras, l'une des femmes les plus importantes de sa vie, fille unique du Girondin comte de Kersaint et cousine par alliance de Natalie de Noailles, maîtresse de l'écrivain. Confidente et bientôt rivale du grand amour de Chateaubriand, Madame Récamier, elle fut la figure de proue de sa cohorte d'admiratrices et tomba sous son charme dès leur première rencontre au château de Méréville en avril 1808. La duchesse à la beauté ingrate fut vite éconduite par l'écrivain qui était encore sous l'emprise de Madame de Noailles. Elle conclut néanmoins avec lui un accord amical et fut des années durant une sœur attentive, une amie prévenante et la première lectrice de nombre de ses œuvres, notamment Le Dernier Abencérage, inspiré de ses amours avec la comtesse de Noailles. De son côté, la duchesse s'arrangea tant bien que mal de cette amitié platonique malgré sa passion dévorante pour Chateaubriand, qui fut l'objet de son roman à succès Ourika, contant l'amour tragique et impossible d'une jeune Africaine pour un Français.
Bel exemplaire de l'un des textes les plus importants du XIXème siècle agréablement établi dans une reliure de l'époque.
Provenance : de l'importante bibliothèque des comtes vendéens de Suzannet dont la majeure partie fut acquise par le célèbre et grand bibliophile Colonel Siklès.