Édition originale imprimée à petit nombre aux frais de l’auteur, qui n’existe qu’à l’état d’épreuves sous couverture muette et ne fut jamais mise dans le commerce. Il n’a pas été tiré de grands papiers.
Il s’agit d’un jeu d’épreuves imprimées, aux couvertures muettes, que l’auteur distribua à ses amis. Le premier plat, également muet, comporte un tampon imprimé « épreuves ».
Rousseurs sur les couvertures, mors légèrement frottés.
Enrichi d’un exceptionnel envoi autographe de Jacques Chardonne : « à Monsieur Mauge ce livre clandestin bien sympathiquement Jacques Chardonne. »
Jacques Chardonne participa aux congrès international d’écrivains à Weimar en 1941 et 1942, et en tirera cet essai littéraire à la gloire du national-socialisme, dans lequel « Ses impressions individuelles de ses voyages en Allemagne sont combinées à des images de la France rurale pour former une vision réactionnaire d’une Europe culturelle qui devait être protégée collectivement contre l’Union soviétique » (Olivier Lubrich). Le titre fait référence au « monde des brumes » de la mythologie nordique, une région primitive située dans l’extrême nord, qui par la suite a fait référence au royaume des morts. Chardonne le reprend d’une phrase du Génie du Rhin (1921) de Maurice Barrès, que ce dernier attribue à son tour à Goethe : « Ah ! je n’aime pas le ciel de Nieflheim ». Sur le conseil d’amis allemands ou collaborateurs, et à la suite de la déportation de son propre fils par les Nazis, Chardonne renonça à publier ce qu’il appelle dans cet envoi son « livre clandestin ». À mesure que les forces de l’Axe n’avaient plus le vent en poupe, Jacques Chardonne tenta même de récupérer la majeure partie des exemplaires qu’il avait offerts afin de les détruire.
Agréable exemplaire, au regard de la très médiocre qualité du papier de guerre, de ce livre maudit, sidérant témoignage de la fascination d’un intellectuel pour le nazisme.
Rarissime, de surcroît enrichi d’un envoi autographe.