Édition originale comportant bien les caractéristiques du premier tirage, un des 300 exemplaires de première émission sur alfa satiné numérotés à la presse et réservés à l’auteur.
Reliure en demi-maroquin rouge à coins, dos à cinq nerfs sertis de filets noirs, date dorée en queue, plats de papier œil-de-chat, gardes et contreplats de papier peigné, couvertures et dos conservés, tête dorée, élégante reliure signée Devauchelle.
Rare et précieux envoi autographe signé d’Alain-Fournier à l’écrivain et journaliste Jean de Pierrefeu : « À Jean de Pierrefeu avec mon admiration et ma sympathie. H. Alain-Fournier. »
Étonnante dédicace au rédacteur en chef de L’Opinion qui, par l’intermédiaire d’Henri Massis, offrit au jeune primo-écrivain sa toute première proposition de publication officielle en février 1913, finalement rejetée par les autres responsables de la revue. Grâce à Jacques Rivière, Alain-Fournier réussi à faire paraître une pré-originale en feuilleton à la Nouvelle Revue française, mais c’est finalement la discrète maison d’édition Émile-Paul qui accepta de publier l’œuvre achevée en septembre.
Le succès immédiat de ce chef d’œuvre de la littérature française du XXe siècle, dut quelque peu froisser l’orgueil de Jean de Pierrefeu qui rédigera une critique acerbe et ambivalente : « J’aurais voulu qu’Alain Fournier arrêtât son récit au moment du départ pour Paris…, nous aurions très bien accepté que ce récit un peu fou et chimérique reste sans explications.… mais il a voulu alourdir son roman, qui dès lors s’avère absurde, les personnages deviennent des fantoches... squelette desséché d’une histoire d’amour à laquelle il n’est pas permis de s’attacher sérieusement... »
Sans doute, Pierrefeu souhaitait-il ainsi justifier l’offre avortée de publication par L’Opinion, mais ce faisant, il traduisait une incompréhension générale de la critique, confrontée à l’originalité d’un double récit qui se redéploie au moment même où on le pense achevé.