Manuscrit autographe intitulé "Paradoxe de la gloire"
s. d. [circa 1935]|16.70 x 21.90 cm|9 feuillets recto
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Manuscrit autographe signé Yves Scantrel (pseudonyme d'André Suarès), 9 pages à l'encre noire avec de nombreuses annotations typographiques au crayon de papier. Émouvant essai d'André Suarès dans lequel il dissèque l'essence et les causes de la Gloire : « Qu'est-ce que cette gloire, qu'on préfère à la vie ? Si vivante, que la vie même l'est moins qu'elle. » Ce texte prend un tour nettement biographique lorsqu'il est mis en parallèle avec la vie de Suarès ; trop intransigeant, trop visionnaire, notamment sur le destin politique de l'Europe, et mort bien trop vieux, il n'a jamais obtenu le succès commercial à la hauteur de son succès critique. En philosophe, il s'interroge sur les raisons qui portent les hommes à désirer si ardemment cet état : « Passion de vaincre et passion de durer, voilà les grands fonds de la gloire. » Un désir qui surpasse tout, même l'instinct de conservation : « Pour gagner la vie idéale, non seulement on risque volontiers sa vie ; mais on ne conquiert fortement ! la vie idéale qu'en sacrifiant celle-ci. » Une manière d'envisager la vie qui n'est en réalité qu'une façon de se refuser à la mort. André Suarès l'estime être une tentative d'échapper à la condition humaine : « Or, que la passion de la gloire rêve de la domination sur les hommes, ou de leur amour, c'est toujours la volonté de ne pas mourir. » Le malheur de cette poursuite de la gloire pour un poète, tel que Suarès, c'est qu'elle ne s'obtient qu'après la mort, il est donc condamné à l'incompréhension de ses contemporains et à vivre dans l'attente d'une reconnaissance future : « ma vie présente, mon horrible vie aura été la rançon de cette autre vie-là, étant ma folie que de n'avoir jamais vécu que dans la vie future. »