Manuscrit autographe complet de la préface aux Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan Poe
s. d. [1944]|22.50 x 17 cm|15 feuilles
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« Les Aventures d'Arthur Gordon Pym sont un des grands livres du coeur humain. » Précieux manuscrit autographe complet et signé par Gaston Bachelard de la préface aux Aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan Poe, rééditées chez Stock en 1944. 15 feuilles à l'encre noire, avec quelques notes de l'auteur au crayon. Nombreux mots soulignés, biffures et corrections. Il s'agit de la deuxième étude que Gaston Bachelard consacre à l'ouvrage de Poe, la première - partielle - étant incluse dans L'Eau et les Rêves, essai sur l'imagination de la matière, publié deux ans auparavant. Bachelard est alors professeur d'histoire et de philosophie des sciences à la Sorbonne et dirige l'Institut d'Histoire des Sciences. Le récit maritime énigmatique de Poe et sa fin abrupte et incohérente suscitèrent notamment en France de nombreuses théories interprétatives (Marie Bonaparte, Léon Lemonnier, Jorge Luis Borgès, Jean Ricardou). L'odyssée d'Arthur Gordon Pym en Antarctique explore la sombre relation entre l'homme et le cosmos, « le drame de l'homme en face du monde » comme l'indique Bachelard. L'approche psycho analytique de Bachelard sert d'introduction au texte et invite le lecteur à adopter une « lecture doublée », déjà expérimentée chez certains (dont Marie Bonaparte dans son analyse freudienne du texte), qui cherche à dévoiler les profondeurs psychologiques cachées dans ce roman d'aventures. Bachelard souligne dans la préface l'importance primordiale du rêve - un élément récurrent de sa pensée - et de l'imagination comme puissance première de l'esprit humain, soutenant que l'imagination du romancier se nourrit plus d'onirisme que d'expériences du monde réel. En cela Poe fait partie selon lui « des écrivains trop rares qui ont travaillé à la limite de la rêverie et de la pensée objective ». L'écrivain révélerait à travers les naufrages du marin Pym la préexistence d'un « rêve dramatique » qui aurait servi d'inspiration ; le séjour de Pym dans la cale du baleinier Grampus renverrait également à l'idée d'un « labyrinthe psychologique ». Bachelard effectue une complète et bienveillante relecture du texte sous un prisme particulier, qu'il appelle « critique onirique » et non littéraire. L'auteur cite par ailleurs de nombreux théoriciens de l'ouvrage, et adresse une note marginale à son éditeur : « Je donnerai le numéro des pages d'après l'édition. J'ai donné les références sur l'édition Calmann Lévy ». Les références au texte de Poe sont en conséquence rédigées au crayon, ainsi que quelques repentirs dans le texte. Unique témoignage de la genèse d'un grand texte du « nouvel esprit littéraire » de Bachelard.