Edition originale, un des exemplaires du service de presse.
Bel envoi autographe signé de Charles Maurras : « A Paul Valéry avec tous les vieux souvenirs de la mer divine. »
Les deux Immortels, sans être amis, portent de l'intérêt à leurs travaux respectifs. Dédicaçant à Valéry un exemplaire des Vergers sur la mer, Maurras lui offre l'un de ses textes les plus autobiographiques : il y convoque une géographie méditerranéenne et intime à laquelle le poète est également très attaché. Par ailleurs, la défense par Valéry « de l'ordre et des hiérarchies sociales » et « ses critiques renouvelées à l'égard de "l'idéal socialiste" et de ses impuissances » (BOURJEA Serge, « Avant-propos », Paul Valéry et le politique, Paris, L'Harmattan, 1994) ne sont certainement pas pour déplaire à Maurras.
En réalité, le théoricien de l'Action française nourrit une vive admiration pour Valéry et son œuvre : « Cela chante, chante juste et chante bien, écrit Maurras à son propos en 1922. Ne me rappelez pas combien l'homme est intelligent, l'écrivain raffiné, ces évidences me toucheraient peu. Mon goût de sa Poésie est tout sensitif. [...] Au bout d'un long apprentissage qu'il n'appellerait peut-être pas ainsi, maître et maître absolu de toutes les finesses de ce qui s'enseigna, Paul Valéry a retrouvé la fonction du poète qui est de faire chanter dans le verbe de l'homme tout son esprit et tout son corps. » (MAURRAS Charles, « Qu'il y a deux Paul Valéry », L'Action française, 28 mai 1922)
Quant à Valéry, moins élogieux mais qui qualifie néanmoins Maurras d' « esprit pur », il résume remarquablement leurs relations ainsi : « Nous n'adorons peut-être pas tous les mêmes Dieux, mais certainement les mêmes Déesses nous sont chères. » Et bien qu'opposé aux écrivains pétainistes - dont Maurras fut -, il essaiera d'intervenir en sa faveur au moment de l'épuration.
Une toute petite tache sans gravité sur le premier plat, agréable exemplaire.