Joseph-Ignace GUILLOTIN, Albrecht von HALLER
Poésies de M. Haller
Aux dépens de la société|Berne 1760|10.50 x 17 cm|3 volumes reliés
Nouvelle édition retouchée et augmentée.
Reliure en plein veau blond granité de l'époque. Dos lisses ornés de caissons et fleurons floraux dorés, pièces de titre et de tomaisons de maroquin grenat et havane. Coupes soulignées d'un filet doré. Toutes tranches marbrées.
Exceptionnel ex-libris, à la plume, de la bibliothèque de Joseph-Ignace Guillotin sur les gardes de chacun des volumes.
Le docteur Joseph Ignace Guillotin est un héritier de l'esprit des Lumières, membre de la célèbre loge maçonnique des Neuf Sœurs. Il se lie d'amitié avec Benjamin Franklin, Lavoisier, Bailly, Buffon ou Lacépède, et des écrivains et artistes comme Condorcet, Voltaire, Restif de la Bretonne et Moreau Le Jeune. Au sein de sa loge Guillotin rencontre également son futur beau-père, Antoine-Claude Saugrain, imprimeur-libraire bientôt nommé responsable de la bibliothèque de l'Arsenal par le Comte d'Artois.
Grand érudit, Guillotin est également un des acteurs majeurs de la Révolution Française dès ses prémices. Initiateur en 1788 de la Pétition des six corps, réclamant le vote par tête et non par ordre aux Etats-Généraux, il est aussi celui qui conduisit les députés à la salle du Jeu de Paume. En avril 1789, il rédige avec Bailly le Cahier de doléances du tiers-état de Paris qui établit la première version des Droits de l'Homme.
La réforme du droit pénal qu'il soumet à l'Assemblée procède du même souci philanthropique d'égalité des hommes devant la justice : Une peine unique quel que soit le rang du criminel ; une absence de conséquences sur sa famille ; la non-confiscation des biens du condamné ; et, surtout, un seul type d'exécution : « par l'effet d'un simple mécanisme. ».
La guillotine, inspirée de gravures de machines anciennes puis améliorée par le Dr Antoine Louis, est cet instrument qui est censé donné la mort sans douleur et remplacer les principaux modes d'exécution de l'ancien régime : la décapitation par la hache, le sabre ou l'épée, la pendaison et la roue.
Or, si l'ouvrage de poésie de Haller est une précieuse relique de la bibliothèque d'un Humaniste proche des grands scientifiques et artistes de l'époque, il permet également de supposer les connaissances de Guillotin sur la question médicale soulevée par son invention.
En effet, Albrecht von Haller n'est pas seulement un poète. C'est également un anatomiste et physiologiste de renom, connu notamment pour ses recherches sur l'irritabilité, qui mettent en évidence la persistance de mouvements dans des parties détachées du corps. « Haller se demande comment la vie d'un animal reste possible après ablation du cerveau et rapporte nombre d'observations relatives aux insectes, aux quadrupèdes à sang froid (...) qui restent pendant quelques jours capables de marcher et même de s'accoupler » (cf. Canguilhem, la Formation du concept de réflexe aux xviiie et xviiie siècles).
Or cette réflexion est cruciale dans la démarche de Guillotin, puisque la mécanisation a pour but premier de mettre fin aux souffrances engendrées par les exécutions. Si, dès 1752, le Dr Antoine Louis participa à la querelle sur « les signes de la mort », nous n'avons pas de trace de l'intérêt de Guillotin pour la question. La présence d'un ouvrage de Haller chez Guillotin nous permet de supposer que le médecin philanthrope était parfaitement au fait des débats scientifiques sur la question fondamentale de l'instantanéité de la mort consécutive à l'ablation de la tête. C'est donc en connaissance de cause que Guillotin proféra devant l'Assemblée cette sentence (dont la formulation malheureuse lui valut sa mauvaise réputation) :
« Avec ma machine, je vous fais sauter la tête d'un clin d'œil, et vous ne souffrez pas. La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus. »
Reliure en plein veau blond granité de l'époque. Dos lisses ornés de caissons et fleurons floraux dorés, pièces de titre et de tomaisons de maroquin grenat et havane. Coupes soulignées d'un filet doré. Toutes tranches marbrées.
Exceptionnel ex-libris, à la plume, de la bibliothèque de Joseph-Ignace Guillotin sur les gardes de chacun des volumes.
Le docteur Joseph Ignace Guillotin est un héritier de l'esprit des Lumières, membre de la célèbre loge maçonnique des Neuf Sœurs. Il se lie d'amitié avec Benjamin Franklin, Lavoisier, Bailly, Buffon ou Lacépède, et des écrivains et artistes comme Condorcet, Voltaire, Restif de la Bretonne et Moreau Le Jeune. Au sein de sa loge Guillotin rencontre également son futur beau-père, Antoine-Claude Saugrain, imprimeur-libraire bientôt nommé responsable de la bibliothèque de l'Arsenal par le Comte d'Artois.
Grand érudit, Guillotin est également un des acteurs majeurs de la Révolution Française dès ses prémices. Initiateur en 1788 de la Pétition des six corps, réclamant le vote par tête et non par ordre aux Etats-Généraux, il est aussi celui qui conduisit les députés à la salle du Jeu de Paume. En avril 1789, il rédige avec Bailly le Cahier de doléances du tiers-état de Paris qui établit la première version des Droits de l'Homme.
La réforme du droit pénal qu'il soumet à l'Assemblée procède du même souci philanthropique d'égalité des hommes devant la justice : Une peine unique quel que soit le rang du criminel ; une absence de conséquences sur sa famille ; la non-confiscation des biens du condamné ; et, surtout, un seul type d'exécution : « par l'effet d'un simple mécanisme. ».
La guillotine, inspirée de gravures de machines anciennes puis améliorée par le Dr Antoine Louis, est cet instrument qui est censé donné la mort sans douleur et remplacer les principaux modes d'exécution de l'ancien régime : la décapitation par la hache, le sabre ou l'épée, la pendaison et la roue.
Or, si l'ouvrage de poésie de Haller est une précieuse relique de la bibliothèque d'un Humaniste proche des grands scientifiques et artistes de l'époque, il permet également de supposer les connaissances de Guillotin sur la question médicale soulevée par son invention.
En effet, Albrecht von Haller n'est pas seulement un poète. C'est également un anatomiste et physiologiste de renom, connu notamment pour ses recherches sur l'irritabilité, qui mettent en évidence la persistance de mouvements dans des parties détachées du corps. « Haller se demande comment la vie d'un animal reste possible après ablation du cerveau et rapporte nombre d'observations relatives aux insectes, aux quadrupèdes à sang froid (...) qui restent pendant quelques jours capables de marcher et même de s'accoupler » (cf. Canguilhem, la Formation du concept de réflexe aux xviiie et xviiie siècles).
Or cette réflexion est cruciale dans la démarche de Guillotin, puisque la mécanisation a pour but premier de mettre fin aux souffrances engendrées par les exécutions. Si, dès 1752, le Dr Antoine Louis participa à la querelle sur « les signes de la mort », nous n'avons pas de trace de l'intérêt de Guillotin pour la question. La présence d'un ouvrage de Haller chez Guillotin nous permet de supposer que le médecin philanthrope était parfaitement au fait des débats scientifiques sur la question fondamentale de l'instantanéité de la mort consécutive à l'ablation de la tête. C'est donc en connaissance de cause que Guillotin proféra devant l'Assemblée cette sentence (dont la formulation malheureuse lui valut sa mauvaise réputation) :
« Avec ma machine, je vous fais sauter la tête d'un clin d'œil, et vous ne souffrez pas. La mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l'homme n'est plus. »
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