S. n.|s. l. s. d. [1979]|67.50 x 53 cm|une photographie sous cadre
Tirage argentique original encadré sous verre et baguette de pin clair par l'artiste.
Envoi autographe signé de Christian Boltanski au dos du cadre.
Référencé dans le catalogue raisonné de l'artiste.
Rare photomontage signé de l'artiste qui, après un long travail sur la photographie brute, opère une transformation radicale vers une esthétique de l'ombre et du fantastique.
Par un jeu de surimpression et de lumières la photographie fait apparaitre, sur un fond monochrome, la silhouette d'une poupée de danseuse, objet du quotidien prisé par l'artiste, semblant émerger d'une double constellation blanche et colorée. Cette figure imprécise mais lumineuse évoque une Vénus de Lespugue née de cette écume d'étoiles qui, en retour, conserve le sillage de sa danse.
« Dans la plupart de mes pièces photographiques, j'ai utilisé cette propriété de preuve que l'on donne à la photo pour la détourner ou pour essayer de montrer que la photo ment, qu'elle ne dit pas la vérité mais des codes culturels » (Catalogue Boltanski, Musée National d'Art Moderne. Paris. Centre Georges-Pompidou, 1984.)
La série des Compositions, commencée au début des années 1970, procède cependant d'une nouvelle approche de l'objet photographique, notamment par la technique du photomontage qui redéfinit le rapport entre l'œuvre et son sujet.
En 2020, lors de la seconde rétrospective de son œuvre, Bernard Blistène, directeur du Musée national d'art moderne (MNAM), décrivait ainsi la profonde mutation artistique « d'une des plus grandes figures de la création de notre temps : (...) Archéologue de sa propre histoire comme de celle de tout un chacun, Boltanski s'est au fil d'un demi-siècle de créations, métamorphosé en « mythologue ». Du récit de l'enfance à celui des contes et légendes qu'il découvre et réinvente aujourd'hui jusqu'au bout du monde, Boltanski a cherché à se défaire de lui-même pour se confondre avec l'histoire des hommes. » (B. Blistène, Commissaire de l'exposition, In Code couleur n°35, 2019)
Ainsi dans la série des Compositions féériques, dont un polyptyque est conservé au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Genève (MAMCO), l'artiste renoue avec le geste pictural en détournant l'objectivité de la photographie par le photomontage, ajoutant également quelques rares pointes de peinture bleue et blanche, infimes planètes et acte de réappropriation du support par l'artiste-peintre, appellation toujours revendiquée par Boltanski malgré la multiplicité de ses techniques artistiques.
Dès la première rétrospective de 1984 au MNAM, Chantal Boulanger, dans Vie des Arts, soulignait que l'œuvre en cours des Compositions, définissait une période charnière dans le parcours de Boltanski:
"S'amorce alors la série des Compositions qui se présentent comme d'imposantes photos en couleur sur fonds noirs. Des objets hors contexte émergent d'on ne sait où et flottent dans un espace infini. Peindre, donc composer. Les Compositions structurent de vrais tableaux dont les éléments, friandises, jouets, figurines, guirlandes, s'organisent comme une fiction. Ainsi, les Compositions murales, 1977, s'inspirent directement de la tradition de la nature morte ; d'autres, comme les Compositions classiques, 1982, davantage du théâtre et de sa magie un peu factice. Là se perçoivent l'influence de la peinture et, surtout, l'effet peinture : les éclairages commuent les minuscules pantins de carton en figures géantes. Dorénavant, Boltanski s'intéressera aux seules ombres, comme une conséquence de sa passion pour les choses fragiles et minuscules, à la limite de l'insignifiance et de la non-existence. »
Exceptionnelle œuvre originale signée de Christian Boltanski, dont l'artiste produira un retirage qui fut exposé au Moma de New-York.