Edition originale pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers.
Préface d'André Breton intitulée "Convulsionnaires" composée d'aphorismes et imprimée sur papier vélin crème.
Illustrée de 12 photographies légendées par Man Ray imprimées sur papier couché jaune paille.
Couverture bleu Klein parfaitement conservée sous chemise noire à fenêtre et à un rabat.
Exemplaire en suberbe état de ce célèbre "livre de dialogues" surréaliste de Man Ray préfacé par André Breton.
"Dans cet ouvrage surréaliste il n’y a donc pas seulement un dialogue surprenant et énigmatique entre les photographies et leurs légendes, mais aussi entre les artistes André Breton et Man Ray. [...] Ce qu’il [Man Ray] veut, c’est créer du chaos psychique et aviver l’imagination du lecteur-spectateur. Dans ce livre de dialogue, le photographe apparaît comme une lanterne magique qui accentue l’énigme en l’éclairant." (Wouter Marinissen, La lanterne magique: Man Ray et l’éclairage de l’énigme dans La Photographie n’est pas l’art)
Le magicien-photographe rassemble ici douze chefs-d'oeuvre, parmi lesquels figurent de saisissants portraits féminins répondant aux désirs surréalistes de Breton dans la préface, dont celui de se transformer en femme : "Je voudrais pouvoir changer de sexe comme de chemise". Le Sex-Appeal tout en transparences ("l'une des photographies préférées de Man Ray, selon le Musée national d'Art Moderne) s'accompagne de visages énigmatiques et glamour (Miriam Hopkins et Plein air artistique qui s'oppose à la photographie Vide-air utilitaire représentant l'Empire State Building). Plusieurs clichés naissent de la luminosité même, comme son Cahier acheté à un mendiant combinant prise de vue solarisée et photogramme inversé :"Le gros plan sur le carnet, dégageant de leur contexte et de toute échelle de mesure, les motifs réticulés du papier de la reliure, oblige à une autre perception de l'objet : vue au microscope ou nébuleuse lointaine, il prend une dimension sur-réelle par le simple fait du cadrage et du grossissement." (Bibliothèque nationale de France). D'autres vues mettant en scène des animaux aux légendes contradictoires et provocantes éveillent le psyché du spectacteur : la chaotique colonie de fourmis intitulée Cerveau bien ordonné, l'accouplement de grenouilles par photomontage qui devient Quand la nature fait des machines et la rayographie d'une chauve-souris proclamant même avec arrogance sa nature reproductible et commerciale dans son titre Photographie intégrale et cent pour cent automatique. La série s'achève avec le très surréaliste autoportrait du buste de Man Ray affublé de lunettes-grille intitulé Dans les yeux des autres : "Cela signifie-t-il que Man Ray considère ce portrait à lunettes comme ce qu'il donne à voir à autrui, et qui constitue un double masque, puisqu'il est inspiré d'un masque de plâtre et que les yeux sont rendus quasiment invisibles par un accessoire aussi spectaculaire ?" (Agnès Vinas).
Précieux manifeste de Man Ray anticonformiste oscillant entre apologie et dérision, dont le titre ironique La Photographie n'est pas l'art introduit l'œuvre d'un artiste qui a contribué à établir la photographie comme un art.