Gravure originale in folio, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon.
Planche composée de 2 vues ainsi décrites par l'auteur : N° 1. Fontaine d'El-Adhout, dans le désert, entre Quénéh et Cosséir ; la route traverse en cet endroit la chaîne arabique, ou le Mokattam, qui borde toute la partie orientale de l'Egypte supérieure entre le Nil et la mer Rouge : ces rochers, de schiste verd parsemé de quartz, ressemblent au marbre verd antique : les montagnes du fond sont schisteuses et roussâtres ; au milieu de l'estampe sont des excavations de la roche, et la fontaine, dont l'eau est fraîche et assez bonne : tous ces groupes sont des portraits fideles de notre halte en allant à Cosséir (voyez le journal, tome II, page 225). N° 2. Arrivée des Français à Cosséir ; la mer Rouge dans le fond ; la rade de Cosséir avec les barques de Iambo, telles qu'elles y étoient lors de notre arrivée ; à droite, le château arabe dans l'état où nous l'avons trouvé, le canal, la ville, la plage blanche et nue, sur laquelle se découpoient les groupes, tels qu'ils se présenterent lors de notre arrivée ; les Arabes qui nous avoient accompagnés suivent la députation des habitants de Cosséir, qui abordent le général Belliard, commandant l'expédition ; les Français, descendus de leurs chameaux, viennent de se former, et l'artillerie , marchant en ordre, va prendre possession du chateau. Cette estampe, gravée par Bertaux, est à mettre à côté des ouvrages les plus distingués du célebre Callot.
Très discrètes rousseurs principalement marginales, une légère trace de pliure angulaire, sinon bel état de conservation.
Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres.
Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie.