Edition originale, rare, à l'instar de toutes celles de cet auteur. Deux éditions ont paru à la même date chez le même éditeur, la seconde fut en réalité imprimée en Angleterre alors que la véritable originale fut réalisée d'après le manuscrit possédé par les frères Grimm, dont il était déjà paru quelques lettres dans la correspondance littéraire. (Tchemerzine II, 965.)
Plein veau porphyre. Dos lisse à la grotesque. Pièce de titre en maroquin menthe. Roulettes dorées sur les coiffes, pointillés dorés sur les coupes. Tranches jaunes. Très légères traces de frottements sur le dos, coins très légèrement émoussés sans gravité, gardes et contreplats de papier à la cuve. Reliure très légèrement postérieure. Une trace de pliure aux pages 379-380 en guise de repère de lecture. Bon exemplaire, frais, avec de rares pâles rousseurs.
L'origine de ce roman célèbre est une plaisanterie assez cruelle du Salon de Mme d'Epinay qui venait d'acueillir le marquis de Croismare en son sein. Ce dernier s'occupait d'un procès concernant une jeune fille qui avait été placée dans un couvent contre son gré; Diderot fut chargé d'écrire de fausses lettres de cette jeune fille au marquis, et de lui faire croire à son évasion. Le roman, constitué de ces lettres, resta inachevé et Diderot n'eut guère envie, par prudence, de le publier. En 1780, il modifia son manuscrit, le corrigea et, comme plusieurs de ses ouvrages, le fit circuler sous le manteau parmi ses pairs et ses relations. L'oeuvre ne paraîtra qu'après sa mort, en 1796, son caractère sulfureux et anticlérical devenant un atout éditorial en cette période révolutionnaire.
Rare et bel exemplaire élégamment établi.