Première édition aldine de La Divine Comédie et première édition de Dante en petit format. Impression en italiques (30 lignes par page). Cette édition est la première à porter la fameuse ancre aldine sur un petit format. Au verso de la page de titre : « Lo'nferno e'l Purgatorio e'l Paradiso di Dante Alaghieri », colophon : « venetiis in aedib. aldi accvratissime. men. avg. m.dii ».
La Fondation Barbier-Mueller pour l'étude de la poésie italienne de la Renaissance précise bien qu'il n'y a pas eu deux émissions, mais plusieurs états de certains feuillets. Ainsi, certains exemplaires se distinguent par la marque de l'imprimeur au verso du dernier feuillet : la fameuse ancre aldine, tout juste créée, qui fut en effet prête en cours d'impression. Enfin le verso de la page de titre en premier état comporte la faute à « Alaghieri », qui a été corrigée en cours de tirage.
Notre exemplaire possède la précieuse marque de l'imprimeur au verso du dernier feuillet et conserve la faute « Alaghieri », soit le second état du dernier feuillet et le premier état de la page de titre.
Reliure postérieure (XVIIème siècle) en plein veau brun moucheté, dos à cinq nerfs orné de caissons et fleurons dorés, toutes tranches rouges. Dos, mors et coins habilement restaurés. Petit trou de ver sans atteinte au texte des quatre premiers feuillets. Une très pâle mouillure sans gravité en marge basse des feuilles aii, aiii et aiiii.
Ex-libris manuscrit surmontant un paraphe sur la page de titre : « Amando la virtu presto s'impara e chi non l'ama presto si disimpara ». La bibliothèque de Bergame conserve un exemplaire du Rosarium sermonum de Bernardino de Busti (1498) qui présente cette même devise manuscrite et a appartenu à Bernardo Tiraboschi, prêtre de l'église de S. Michele dell'Arco de Bergame de 1630 à 1647.
Le texte a été établi très soigneusement par Pietro Bembo d'après un manuscrit transmis par Boccace à Pétrarque, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque Vaticane et sur un second manuscrit se trouvant à Lucques. Cette édition eut un rôle fondamental pour la langue italienne : Bembo s'attacha à corriger et moderniser, surtout au point de vue de la grammaire, le texte des manuscrits.
Le choix d'un petit format et l'absence de commentaires fut déterminant pour la diffusion et la lecture du texte dont cette version fut la référence pour le XVIème siècle. Enfin, il faut savoir que le titre de Terze rime ne sera plus repris, excepté pour les contrefaçons. À propos de l'ancre aldine au dauphin, celle-ci fut utilisée pour l'édition du Pétrarque de 1501, mais Alde ne possédait pas de version gravée en petit format : elle était en cours de réalisation lorsqu'il fit imprimer le Dante. Dès que la marque fut prête, on réimprima le dernier feuillet avec la marque de l'imprimeur au verso.
Brunet qui annonce le livre comme très rare cite une collation erronée de 252 feuillets, collation que l'on trouve également chez De Bure (Catalogue des livres imprimés sur vélin) qui prétend qu'on devrait trouver des feuillets de table des Triomphes en fin d'ouvrage, ce qui est manifestement une erreur, l'édition ne comprenant que La Divine Comédie. Ajoutons que la collation de notre exemplaire est conforme à l'exemplaire détenu par la fondation Barbier-Mueller et aux exemplaires des bibliothèques, notamment ceux de la Bibliothèque nationale et la British Library.
Bel et rare exemplaire présentant les caractéristiques du premier état.