Edition originale, rare, établie, traduit et commentée par André Dacier. Reliure en plein veau brun d'époque. Dos à nerfs richement orné. Pièce de titre en maroquin havane avec roulettes. Coiffe de tête arrachée. Mors supérieur fendu et ouvert en tête. mors inférieur avec manque en tête. Manques sur le plat inférieur. Pages de garde renouvelées au XIXe. Bords des feuillet 185 à 360 effrangés sur 10 cm. Exemplaire à grandes marges. La Poétique d'Aristote selon Dacier est avant tout le manifeste éclatant de la thèse que suit le traducteur et commentateur, à savoir la supériorité incontestable des Anciens sur les Modernes, et l'indépassable perfection qui les accompagne. Il n'est donc qu'une possibilité pour le poète, c'est à dire l'écrivain de tragédies et d'épopées, la conformation aux règles d'Aristote. Dacier ne rejette cependant pas la modernité, à condition que les nouveautés s'accordent de l'ensemble des règles définies, ainsi le sujet d'une tragédie ou d'une épopée n'est pas nécessairement une fable de l'Antiquité, mais il doit suivre un modèle. Dacier a donc choisi pour démontrer l'évidence des règles aristotéliciennes, de ne se servir que d'extraits de La Poétique et d'y adjoindre chaque foi un commentaire ; ainsi a-ton affaire à de courts chapitres d'Aristote où ce dernier énonce son idée sans argumentaire et au commentaire de Dacier qui le suit, bien plus long. C'est dès les premières phrases de la Préface que Dacier dénonce "le désordre où nôtre théâtre est tombé depuis quelque temps", et que son épouse Anne Dacier nommera plus tard dans son ouvrage "De la corruption du goût...", s'affichant ainsi comme un des principaux défenseurs des Anciens contre les Modernes, dont la fameuse "Querelle" alimenta le monde des lettres de 1680 à 1720. On notera d'après le privilège que le livre fut achevé en 1683, mais qu'il ne fut imprimé qu'en 1692.