s. d. [23 janvier 1894]|22.60 x 17.50 cm|2 pages sur un double feuillet déplié
Autograph letter signed by Paul Signac addressed to Camille Pissarro, written in black ink over two pages and signed with the artist’s monogram.
This letter was transcribed in the article by Pierre Michel and Christian Limousin entitled "Octave Mirbeau et Paul Signac - Une lettre inédite de Signac à Mirbeau" (in Cahiers Octave Mirbeau, no. 16, March 2009, pp. 202-210).
"Mon cher Maître, Cela vous ennuirait-il [sic] d'écrire à Mirbeau qu'un Signac, à votre avis, ne ressemble pas plus à un Seurat qu'un Hokousai à un Hiroshigé... si toutes fois (sic) le reproche d'imitation dont il cherche à m'accabler vous semble injuste. L'amitié que vous m'avez toujours témoignée et les compliments que vous avez bien voulu faire de mes toiles, m'autorisent à vous demander ce service. Cordialement. PS"
A fine letter in which Paul Signac seeks the support of his master Camille Pissarro after a scathing critique published by Octave Mirbeau in L'Echo de Paris.
In this article, featured on the front page of L'Echo de Paris of 23 January 1894, Octave Mirbeau spares Signac no harshness: « M. Signac a voulu continuer Seurat. Je ne puis me faire à sa peinture. Je ne méconnais pas ses qualités mais elles disparaissent sous l'amoncellement de ses défauts. Ce qu'on admettait de Georges Seurat [...] on le comprend moins chez M. Signac qui n'en est que l'adepte trop complaisant et trop littéral. Et puis cette continuelle sécheresse me choque. M. Signac fait la nature immobile et figée. Jamais le vent n'a secoué la surface inerte de ses mers, ni tordu les branches de ses pins, ni animé l'éternelle fixité de ses nuages, la raideur cartonnée de ses ciels. Il ignore le mouvement, la vie, l'âme qui est dans les choses. [...] Il serait peut-être temps, pour notre joie, que M. Signac voulût bien nous donner du Signac. Je crois qu'il le peut.» Why this obsession with Seurat? « At the beginning of 1894, the position of Mirbeau, Geffroy, Pissarro and a few others was to consider that Neo-Impressionism had in fact died in 1891 with the passing of Seurat. Their retrospective view of this artistic venture led them to think that it was not a continuation of Impressionism by new (scientific) means, but a reaction against it, even a liquidation of the movement.» (Cahiers Octave Mirbeau).
Pissarro’s reply to Signac, also transcribed by Michel and Limousin, was not long in coming: it « [l]'ennuirait d'écrire ce que vous me demandez à Mirbeau, et cela pour plusieurs raisons. [...] Premièrement parce que je suis en froid avec lui, vous le savez bien. Deuxièmement parce que, pour vous-même, il ne sied pas de discuter l'opinion d'un critique, même étant persuadé d'être dans le vrai, et, si vous voulez franchement ma façon de penser et que je suis heureux d'avoir l'occasion de vous exprimer, je trouve que la méthode même est mauvaise. Au lieu de servir l'artiste, l'ankylose et le glace. Si je vous ai fait des compliments cette année, c'est parce que j'ai trouvé vos dernières toiles mieux que celles que vous aviez exposées aux Indépendants, mais je suis loin de trouver que vous êtes dans la voie qui convient à votre tempérament essentiellement peintre et si, jusqu'à présent, je ne vous ai rien dit à ce sujet, c'est parce que j'étais sûr de vous être désagréable et, somme toute, mes convictions peuvent ne pas être partagées par vous. Réfléchissez mûrement et voyez si le moment n'est pas venu de faire votre évolution vers un art plus de sensation, plus libre et qui serait plus conforme à votre nature.»
« Disheartened, and deprived of the authority of a master revered by the critic, Signac was left to devise himself, without delay, the reply to address to Mirbeau [...] » (ibid.) This response took the form of a long letter written the same day as the one offered here and now preserved at the Harry Ransom Center at the University of Austin (Texas): « Je reconnais hautement que c'est Seurat qui a instauré la technique néo-impressionniste et lui en laisse toute la gloire mais il me serait facile de vous prouver par la suite de mes tableaux qu'il n'y a jamais eu chez moi transition brusque causée par l'influence de Seurat, mais bien une logique d'évolution qui m'a amené à le rencontrer. Nous sommes arrivés à ce carrefour par des voies bien différentes. [...] Mais, c'est plein d'ardeur, qu'encouragé par les compliments que le cher Camille Pissarro m'a bien voulu faire sur mes derniers envois, et par la petite fleur d'espoir que vous voulez bien laisser percer sous vos critiques je me remets au dur et bon travail.» (23 January 1894).
And Signac indeed « returned to work »: « he knew how to rebound and extricate himself perfectly. Little by little, in Saint-Tropez where he had settled, his technique evolved. Through the practice of watercolour (recommended by Pissarro...), he broke with the overly rigid forms of pointillism and found the spontaneity that had eluded him. In 1895, his brushstroke broadened, he abandoned the dot. [...] As for Mirbeau, he would not remain insensitive to Signac’s evolution. In 1905, he praised his “frémissantes aquarelles” and placed the painter among those who, though ignored by the State and reproved by the Institut, “maintain intact the artistic reputation of France.” » (ibid.)
A key document for understanding Signac’s work and a valuable testimony to an important transitional period in the artist’s career.