Gravure originale in folio non rognée, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon.
Planche dépliante ornée d'une gravure subdivisée en 3 figures, ainsi décrites par l'auteur:
N° 1. Ce bas-relief est sculpté sur une des plates-bandes du portique du grand temple de Tintyra (voyez le plan, planche XL, n° 8). Entre les deux bandes, n° 1, il y avoit des caracteres hiéroglyphiques, que je n'ai pas eu le temps de copier ; tous les cartels qui accompagnent les figures sont exacts ; ceux que l'on ne peut distinguer dans la gravure sont de même inintelligibles dans la vérité, soit qu'ils aient été rompus par l'impression des balles de fusil que l'on a tirées dans ce plafond, soit par des stalactites qui en ont couvert le relief: il en est de même de quelques figures que j'ai données dans le même état où je les ai trouvées ; les étoiles qui accompagnent chaque figure et chaque cartel annoncent que l'objet de ces bas-reliefs est relatif à l'astronomie ; toute la premiere bande est occupée par des figures de serpents, comme au plafond du portique du temple de Latopolis, à Esné. Une particularité de la seconde bande est la figure du soleil sous l'emblème de l'épervier, au milieu de figures accompagnées d'étoiles, dont le nombre augmente progressivement d'un à douze, excepté la derniere, à laquelle il en manqueroit deux, qui auront sans doute été détruites. Seroit-ce l'année, et le soleil au milieu de sa course ?
N° 2. Cette suite de divinités égyptiennes est sculptée dans cet ordre sur la frise de la porte qui est sous le portique d'Apollinopolis magna, à Etfu ; j'y ai joint avec une sévere exactitude tous les caracteres qui paroissent être les noms, attributs ou qualités de chacune de ces figures : il est à remarquer que quatorze d'elles sont prêtes à monter quatorze marches vides qui aboutissent à un signe, qui est un œil sur une proue de vaisseau dans un disque de la lune, porté sur un support, terminé par une fleur de lotus, derriere laquelle est une petite divinité ; que le même nombre de marches, le même nombre de divinités, le même signe, et le même petit dieu, sont sculptés sur chaque marche du plafond du portique de Tintyra (même plan, n° 3): j'ai encore une fois trouvé la même chose le long des marches de l'escalier qui monte de la plate-forme de la nef à la plate-forme du portique du même temple, et le même nombre quatorze dans le petit appartements sur le comble du temple ( voyez le plan, planche CXXX, n° 1, lettre B, et la figure, planche CXXIX, n°4). Dans le bas-relief d'Apollinopolis les figures ont les jambes engagées ; dans celui de Tintyra il y a alternativement une figure d'homme, une figure de femme : j'ai cru devoir indiquer ces rapprochements et ces différences matérielles à ceux qui sauront y attacher des idées abstraites.
N° 3. Je préviens le lecteur que tous les signes des petits cartels intérieurs attachés aux figures sont exacts, mais que toute la bordure ne l'est que dans la forme des inscriptions, que je n'ai pas eu le temps de prendre, et qu'avec du temps je n'aurois pu donner que très imparfaitement, soit par la petitesse des caracteres, soit par l'éloignement où ils sont placés, soit enfin par leur état de vétusté, accélérée par la filtration des eaux à l'usage de ceux qui ont habité dans des temps plus rapprochés sur le comble de ce temple, et y ont bâti des maisons, dont les murailles en briques non cuites existent encore.
Rousseurs, deux infimes accrocs marginaux, sinon bel état de conservation.
Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres.
Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie.