Sion-Sur-L'Océan (Vendée)

Carte postale autographe signée de Julien Gracq, (19 lignes à l'encre noire), adressée à son ami et monographe Ariel Denis, rédigée depuis sa villégiature vendéenne, au verso d'une reproduction photographique représentant la côte Sion-sur-Océan vue du ciel.
Julien Gracq évoque sa lecture de Joyce et compare les paysages et le climat irlandais à ceux de Vendée : "Ici, aucune trace des brumes d'Irlande, il fait inaltérablement beau, sans même un orage..." et s'enquiert de l'avenir professionnel de son ami : "Comment s'arrangent vos perspectives universitaires pour l'année à venir?  Problème qui je sais, assombrit toujours un peu vos fins de vacances et dont j'espère qu'il va se régler à votre satisfaction."

Carte postale autographe signée de Julien Gracq de 20 lignes adressée à son ami et monographe Ariel Denis, rédigée au feutre noir, au verso d'une photo représentant le château de la Flocellière en Vendée, non loin de son appartement de Sion-sur-l'Océan.
Julien Gracq félicite  Ariel Denis pour la justesse de son dernier article : "... je trouve votre compte rendu excellent et particulièrement compréhensif..." bien qu'il se fende d'un léger et humoristique bémol  : "... ma seule objection étant l'adjectif à la mode prégnant (mot souligné) qui me paraît à proscrire absolument dès qu'il ne s'agit plus de femmes enceintes".
L'auteur d' "Au château d'Argol" se montre confiant pour l'avenir de son ami : "... Peut-être des comptes-rendus de cette qualité vous ouvriront-ils l'accès à une porte dans les éditions du Sorbier ?"  tout en restant prudent et modeste pour le sien : "...je me refuse à trop espérer... enfin, il se produira bien un jour quelque péripétie positive dans cette quête ! "
Enfin, Julien Gracq évoque la période des vacances et achève sa missive par une question raillant le sous-titre de la carte postale "Séminaire des vocations d'Ainés facade est" : "cette carte est aussi un rébus : qu'est-ce qu'un séminaire des vocations d'Ainés?"

Carte postale autographe signée de Julien Gracq de 16 lignes adressée à son ami et monographe Ariel Denis, rédigée au feutre noir, au verso d'une photo représentant la plage de Saint-Hilaire-de-Riez en Vendée, non loin de son appartement de Sion-sur-l'Océan.
Julien Gracq remercie Ariel Denis pour les nouvelles qu'il lui a adressées de Constantinople : "... je suis heureux que votre voyage se soit terminé sans hostilités..." tout en déplorant la foule des aoûtiens qui trouble sa quiétude vendéenne : "... Je suis à Sion...et hélas !, il y a beaucoup de monde".
Puis l'auteur du "Rivage des Syrtes" se félicite de la bienveillance de la critique à son égard avec la modestie qui le caractérise : "... j'ai lu en effet l'article de France soir que vous me signalez : je n'ai pas eu à me plaindre de la critique , surtout à propos d'un ouvrage qui n'était pas très important et qui ne prétendait pas l'être."

Carte postale autographe signée de Julien Gracq, (20 lignes à l'encre noire),  adressée à son ami et monographe Ariel Denis, rédigée depuis sa villégiature vendéenne, au verso d'une reproduction photographique représentant Sion-sur-Océan vue du ciel.
Julien Gracq se remémore ses vacances vénitiennes : "Je me souviens de m'être baigné au Lido, avec Queffélec, en 1931, dans une Adriatique exagérément chaude. Le plein été à Venise, est tout de même un peu étouffant, à cause de l'humidité..." et souhaiterait découvrir la cité des doges sous une autre saison : "... ce que je regrette, c'est de n'y être pas allé en hiver, où les brumes et les inondations font des paysages si insolites. Mais la ville, en toute saison, reste inépuisable."
Julien Gracq profite de la tranquilité estivale pour découvrir de nouveaux textes et écrivains : "Je répare consciensieusement quelques lacunes dans mes lectures : ainsi Gargantua et Pantagruel ouverts par excès de scrupule et que je referme avec la conviction que je n'aurai plus à les rouvrir : il y a dans la haulte (mot illisible) - on ne me l'enlèvera de l'idée - un élément de débilité mentale caractérisée ! "
il souhaite de bonnes vacances à son ami et surtout bon courage pour son avenir de professeur : "Bonne chance surtout dans vos démêlés avec l'ordinateur, sorte de loto sacralisé de l'Education Nationale..."

Carte postale autographe signée de Julien Gracq de 22 lignes adressée à son ami et monographe Ariel Denis, rédigée au feutre noir de puis son domicile de Saint Florent, au verso d'une reproduction photographique représentant une broche en argent de Jean-Michel Alberola.
Julien Gracq explique le choix de cette carte postale envoyée à Ariel Denis : "La société des amis du Musée national d'art moderne émer à l'intention de ses membres, comme vous voyez, des cartes représentant les productions les plus éminentes de l'art moderne. vos étudiants doivent apprécier... le fond noir ajoute beaucoup à l'effet d'ensemble."
Il se montre aussi peu amène concernant les manifestations culturelles en Vendée : "... le festival de cet été dégénère quelque peu (beaucoup de musique chinoise) et un concert de musique de films (la décadence s'accentue)"
La seule satisfaction intellectuelle de l'auteur d'"Au château d'Argol"  est la découverte de l'auteur Paul Desmeth : "J'ai découvert un curieux auteur belge, mort depuis 25 ans, Paul Desmett, un peu minimaliste malheureusement en matière d'art, mais pourvu d'une sensibilisation très singulière aux paysages et aux atmosphères urbaines. Naturellement, cela ne me laisse indifférent."

Bristol autographe signé de Julien Gracq de 23 lignes adressé à son ami et monographe Ariel Denis, rédigé au feutre noir, depuis sa résidence de Saint-Florent-le-Vieil dans le Maine-et-Loire.
Julien Gracq, tout en faisant part de sa déception concernant l'insuccès que rencontre son ami Ariel Denis auprès de son éditeur Gallimard pour se faire publier à nouveau : "... d'autant plus que vous sembliez enfin avoir forcé la bonne porte, et que l'accueil fait à "Un anniversaire" (publié par Gallimard en 1987) aurait dû conforter votre position.", livre à son correspondant ses impressions personnelles pouvant expliquant le refus essuyé par son ami chez Gallimard : "Sans douter une seconde de l'intérêt de votre manuscrit, j'entretenais, pour dire la vérité, une petite inquiétude - disons d'ordre commercial - au sujet de ce roman accroché à un roman, malgré tout, peu connu... Cela semble bien avoir été la difficulté."
Enfin, Julien Gracq, avant que de prodiguer tous ses encouragements et sa confiance à Ariel Denis dans la poursuite de ses objectifs éditoriaux, donne un peu de ses nouvelles : "Je suis pour quelques jours à St Florent,dans le brouillard et la grisaille, météorologiques autant que psychologiques"

Bristol autographe signé de Julien Gracq de 14 lignes adressé à son ami et monographe Ariel Denis, rédigé au feutre noir, depuis sa résidence de Saint-Florent-le-Vieil dans le Maine-et-Loire, enveloppe jointe.
Julien Gracq félicite son ami l'écrivain Ariel Denis de la réussite professionnelle qu'il rencontre en cette année 1994 qui débute, notamment au point de vue éditorial chez Maurice Nadeau : "... je suis comblé à l'idée de vous lire dans quelques mois. Ce Nadeau bien inspiré est sans doute celui qui m'a adressé il y a quelques semaines un essai intéressant sur le déclin du roman..."
Enfin, Julien Gracq nous révèle son intérêt mésuré pour la lecture d'ouvrages d'héroic fantasy : "... ne vous inquitez pas du "Seigneur des Anneaux" que je récupérerai à un prochain (?) passage à Paris. C'est vraiment pour moi un plaisir de voir la suite de ce passage éditorial à vide qui n'en finissait pas."