S. n.|s. l. • [Japon] s. d. [circa 1880]|6.50 x 9 cm|plaque de verre
Très rare ambrotype japonais («shuppan shashin» ou «gurasu shashin») de la fin du XIXe, figurant une famille en costumes traditionnels.
Tirage unique.
La plaque de verre est présentée dans sa petite boite-cadre d'origine en bois de paulownia.
Quelques petites rayures avec perte marginale d'émulsion, sinon très bel état de conservation pour cette superbe photographie traditionnelle.
D'une grande rareté, les ambrotypes japonais représentent un témoignage unique de la période Meiji. La plupart des clichés de l'époque qui nous sont parvenus ont été pris par des photographes occidentaux pour un public européen féru d'exotisme et de «charme asiatique».
A l'opposé, les ambrotypes japonais étaient l'œuvre de photographes japonais et destinés au cadre privé des familles japonaises désireuses de transmettre en héritage ce précieux témoignage. De taille modeste (tenant dans une main), chaque tirage est unique, réalisé sans négatif directement sur la plaque de verre, matière chère et luxueuse qui était jusqu'à lors quasiment inconnue au Japon. La photographie est une de ses premières utilisations. Le verre est si cher que les ambrotypes japonais ne sont jamais montés avec une deuxième plaque de verre pour protéger l'émulsion comme en Occident, ce qui a fortement compromis leur conservation. Ils étaient cependant protégés dans une petite boite-cadre en bois de paulownia (kiri) naturellement hydrofuge et insectifuge, et d'une très grande résistance au temps. «On constate que la plupart des portraits réalisés au Japon par les premiers photographes sur la période 1860-1863 sont des ambrotypes et ceux-ci constituent une partie très importante de la production jusqu'en 1900.Quand on tient un ambrotype japonais entre ses mains pour la première fois, on est surpris par la beauté des formes géométriques simples du boîtier, un cadre de bois brut en paulownia, de couleur claire, léger, à la texture agréable. Cette simplicité de lignes contraste avec les ambrotypes occidentaux de l'époque, montés dans des boîtiers métalliques dorés, très ornementés, avec un intérieur tapissé de velours rouge embossé. Cette présentation nous semble très moderne, mais pour un Japonais de 1860, c'est un boîtier très classique inspiré de ceux utilisés pour conserver les calligraphies. Le Japon est un pays très humide et le bois de paulownia protège de l'humidité et éloigne les insectes nuisibles. Dans leur simplicité même, ces boîtiers dénotent une appropriation très rapide de la photographie, ceux-ci étant attestés dès les premiers ambrotypes japonais, vers 1860. Les boîtiers occidentaux n'ont pratiquement jamais été utilisés. Un nom spécifique populaire s'impose tout de suite pour l'ambrotype : garasu shashin, la «photographie sur verre». C'est probablement l'une des raisons de l'engouement pour l'ambrotypie alors que la ferrotypie est quasiment inexistante.» (Claude Estèbe , « Les premiers ateliers de photographie japonais 1859-1872 », Études photographiques, 19 Décembre 2006)