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Libro autografato, Prima edizione

Ernest HEMINGWAY Lettre autographe inédite signée à Roberto Sotolongo du coeur de la savane

Ernest HEMINGWAY

Lettre autographe inédite signée à Roberto Sotolongo du coeur de la savane

[Quelque part au Kenya] 19 septembre 1953, 20,2x25,2cm, 2 pages sur un feuillet et une enveloppe.


| « I slapped a giraffe on the ass » |
*


Lettre autographe signée d'Ernest Hemingway, inédite à notre connaissance, adressée à Roberto Herrera Sotolongo, 2 pages à l'encre bleue sur un feuillet ligné et enveloppe autographe signée « E. Hemingway », tampon postal indiquant la date du 19 septembre 1953.
La missive débute en espagnol et se poursuit en anglais, avant de s'achever sur quelques mots d'espagnol signés du surnom d'Hemin­gway connu dans tout Cuba, « Mister Papa ».

Magnifique lettre d'Hemin­gway racontant son safari au Kenya en 1953, adressée à son ami et secrétaire cubain. Hemingway dé­voile le véritable dénouement de la chasse au lion à crinière noire, thème central de son récit du safari resté inachevé, qui connaîtra deux éditions posthumes : True at First Light (1999) puis Under Kilimanjaro (2005).


L'écrivain aventurier partage ses rencontres avec une girafe, un im­pala, ainsi que des chasses à la lance avec les Masaï restées inédites, re­nouant avec les émotions de son premier périple africain qui, vingt ans plus tôt, lui avait inspiré ses grands textes The Green Hills of Africa, The Snows of Kilimanjaro et The Short Gappy Life of Francis Macomber.



Il évoque également une tragédie fami­liale : la rare tentative de réconciliation initiée par son troisième enfant, Gigi, qui souffrait de dysphorie de genre.

ERNEST OU LA VIE SAUVAGE
Tout aux joies des premiers jours dans la savane, Hemingway écrit depuis son cam­pement, sur les rives du fleuve Salengai, à 40 miles au sud de Nairobi au sein de la Southern Réserve de Kajiado. Adulé des médias, jouissant du succès du Vieil Homme et la Mer, Hemingway avait débuté son aventure kenyane le 1er septembre 1953, accompagné du célèbre chasseur Philip Percival qui avait inspiré le personnage du Baron Bror von Blixen dans The Short Happy Life of Francis Macomber. Profitant d'une escale à Nairobi du photographe qui ac­compagnait l'équipée, Hemingway envoie une chaleureuse lettre à son ami cubain Herrera le 19 septembre :


« Monstruo, tu te plairais ici, Plein de coqs de bruyère, de perdrix et de grandes pintades ».



Les premières chasses du safari sont cou­ronnées de succès, et Hemingway ex­prime sans réserve sa fierté de retrouver les frissons de l'aventure, partageant des événements restés absents de son récit de voyage publié après sa mort :


« J'ai eu une très belle chasse au lion à pied. Nous avons traqué toute la jour­née [...] Ce matin, nous essayons à nouveau. Il est 5 heures du matin. La nuit dernière, nous avons chas­sé les animaux de nuit pour avoir une « vue de lion » [jeu de mots avec l'expression birds eye view]. Un im­pala a sauté par-dessus la jeep. J'ai donné une claque sur le cul d'une girafe. » 





La région, récemment rou­verte aux chasseurs, regorgeait de gibier et de grands prédateurs :




« Peut-être au­rons-nous une autre chasse demain ou cet après-midi, car les lions ont inquiété le village indigène la nuit dernière et nous en avons repéré un grand nombre en ce moment. »




L'écrivain est accompagné de son grand ami cubain Mayito Me­nocal, de vingt-quatre ans son cadet, qui surpasse les talents de tireur d'un Hemingway vieillissant :




« Mayito va bien et tire merveilleusement bien. Pourriez-vous appeler le petit Mayito [son fils] ou la famille de Mayito à son domicile [...] et dire que vous venez d'avoir de mes nouvelles, qu'il va très bien, qu'il est heureux et qu'il vient de tuer un magnifique lion à crinière noire et que nous chassons les lions avec les Masaï maintenant. »




La traque de ce légendaire lion à cri­nière noire occupera une grande par­tie du récit qu'entreprendra Hemin­gway à l'issue du safari (publié sous le titre True at First light). Hemingway construira l'histoire autour de l'ob­session de sa femme Mary pour ce fameux colosse qui se dérobait sans cesse entre les hautes herbes, prolon­geant la chasse pendant de longs mois à travers la réserve kenyane. Comme un heureux dénouement, l'écrivain fera le choix d'attribuer le premier tir sur cette noble bête à Mary, et non à Mayi­to comme il l'indique dans la lettre. L'écrivain intégrera également dans son récit sa remarque sur la petite taille de Mary dont il fait part à Herrera dans la lettre :




« J'ai trouvé le grand colosse endormi, mais j'ai attendu Mary, qui avait du mal à le voir dans l'herbe, car elle est petite ».





GIGI, L'ENFANT MAL DIT
Un important passage de la lettre évoque la grande dispute qui l'oppose à son fils « Gigi » (Gregory) son troi­sième enfant né de son union avec Pau­line Pfeiffer, en qui Hemingway avait placé de grands espoirs :




« Lettre de Gigi. Il dit, très joliment, qu'il lui est impossible de rester fâché contre moi, selon lui 'il a essayé pendant sept mois' ».




Gigi avait été arrêté quelques années plus tôt pour être entré dans un cinéma en portant des vête­ments féminins. Hemingway avait rejeté la faute sur Pauline, qui succomba peu après cet épisode, atteinte d'une tumeur non détectée. Hemingway a imputé le décès de sa femme aux comportements de Gigi, qui souffrira sa vie durant de dysphorie de genre. Malgré cette rare tentative de réconciliation mentionnée dans la lettre, ils restèrent brouillés jusqu'à la mort de l'écrivain.
Quelques mois après l'écriture de cette lettre, en survolant l'Uganda, Hemingway sera victime de deux accidents d'avion. Brièvement déclaré mort par la presse in­ternationale, l'écrivain ne se remettra ja­mais tout à fait de ses graves blessures, qui marquent selon ses biographes le début d'une période sombre affectant à jamais sa production littéraire : « une lente des­cente de sept ans qui a sapé sa puissance créative, l'a plongé dans la paranoïa, l'a conduit aux électrochocs et l'a rendu fra­gile. Les mots, disait-il, ne venaient plus. »

Exceptionnel exemple de la prose d'Hemingway, qui dévoile la réali­té tout aussi rocambolesque de ses aventures derrière l'autofiction de ses écrits publiés. Ces instants heu­reux, couchés sur le papier dans la nature kenyane, capturent l'essence même de cet écrivain voyageur et bon vivant "Le plus itinérant des auteurs qui ont façonné la littéra­ture américaine" (Miriam B. Man­del), quelques mois avant son acci­dent tragique dont il ne se remettra jamais.
 



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