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Prima edizione

Edouard MANET & Camille COROT & Gustave DORE & Félix BRACQUEMOND & Victor HUGO & Johan Barthold JONGKIND & Jean-François MILLET Sonnets et eaux-fortes - exceptionnel exemplaire sur peau de vélin

Edouard MANET & Camille COROT & Gustave DORE & Félix BRACQUEMOND & Victor HUGO & Johan Barthold JONGKIND & Jean-François MILLET

Théophile GAUTIER & José Maria de HEREDIA & Théodore de BANVILLE & Anatole FRANCE & Paul VERLAINE

Sonnets et eaux-fortes - exceptionnel exemplaire sur peau de vélin

Alphonse Lemerre, Paris 1869 [achevé d'imprimer 20 décembre 1868], 36,3x27cm, relié.


Édition originale de ce recueil, un des trois ou quatre exemplaires sur peau de vélin, tirage de tête, avant quelques exemplaires sur Japon, 12 sur Whatman, 12 sur Chine, et 350 exemplaires sur vergé. Publié sous la direction de Philippe Burty, l'ouvrage met en regard quarante-deux sonnets et autant d'eaux-fortes originales.
Reliure de l'époque en plein maroquin aubergine, dos à cinq nerfs au titre estampé à l'or, reprise de teinte, contreplats et gardes soie moirée aubergine, gardes suivantes de parchemin, encadrement de dentelle dorée sur les contreplats, double filet doré sur les coupes, roulettes dorées sur les coiffes, toutes tranches dorées, étui de papier marbré bordé de maroquin aubergine, reliure signée Auguste Petit.
Nous n'avons trouvé que deux autres exemplaires en peau de vélin (Melot et Delteil parlent de « deux ou trois exemplaires », Carteret en annonce quatre). L'un provient de la bibliothèque de Philippe Burty (encore en feuilles à l'époque de sa vente puis, relié entre 1891 et 1897 par Marius Michel, bibliothèque Béraldi, désormais MAK Museum, Vienne), l'autre est passé par la bibliothèque de Raphaël Esmerian (relié par Marius Michel autour de 1895-1900, désormais à la Wormsley Library). Notre exemplaire a été strictement relié à l'époque par Auguste Petit.
Exceptionnel exemplaire entièrement sur parchemin de ce luxueux livre-album, « qui doit être considéré comme le premier livre de peintre dans l'esprit de ce qui va devenir une riche tradition en France, d'Ambroise Vuillard à André Maeght en passant par Henri Kahnweiler » (Roselyne Pirson). L'ouvrage est entièrement composé de gravures originales des plus grands maîtres du temps, tels Manet, Corot, Millet, accompagnant le renouveau de la forme poétique du sonnet par les poètes parnassiens, notamment Paul Verlaine, José Maria de Hérédia, Théodore de Banville.
L'ouvrage demeure la plus grande entreprise orchestrée par Philippe Burty, ardent collectionneur, exécuteur testamentaire d'Eugène Delacroix, grand critique de la Gazette des Beaux-Arts, et commentateur attitré de la gravure au Salon. Cet érudit a fortement contribué à l'éclosion de l'eau-forte originale et l'a investie des mêmes codes d'originalité et d'authenticité jusqu'alors affectés à la peinture.
L'ouvrage débute par un charmant titre gravé par Alfred Prunaire, le graveur de Manet, d'après une composition d'Édouard Renard. De nombreux bandeaux, lettres ornées et culs-de-lampe du même artiste accompagnent les poèmes. Dans les 42 diptyques suivants, peintres et poètes rivalisent de dextérité, initiant le poème à partir de l'image ou l'image à partir du poème. Par la volonté révolutionnaire de Burty, tous les graveurs et les peintres ont dessiné directement sur le cuivre. Parmi les eaux-fortes, 41 sont des gravures originales, l'exception étant l'encre originale de Victor Hugo gravée par Coutry. Le recueil renferme d'ailleurs la toute première eau-forte publiée de Gustave Doré, qui signe un magnifique lion à la demande de Burty, en illustration d'un poème de Cladel. Parmi les plus grands chefs d'œuvres de l'ouvrage figure la fameuse Manola d'Edouard Manet, revêtue d'une mantille et inspirée des Caprichos de Goya, ou encore le paysage normand de Camille Corot. L'école de la nature est bien représentée, avec Jongkind, et Jean-François Millet en illustration d'un poème qui lui est dédié. On relève les noms d'Edmond Morin, Giacomotti, Célestin Nanteuil, Léopold Flameng, Bacquemond, ou encore Daubigny.
Bon nombre des poètes choisis pour le recueil font cénacle autour du Parnasse : Paul Verlaine, José Maria de Hérédia, Théodore de Banville, Anatole France, Leconte de Lisle, Sully Prudhomme, Catulle Mendès, Albert Mérat. Les autres sonnets sont l'œuvre des principaux poètes de l'époque tels que Théophile Gautier, Jean Aicard, Joseph Autran, Antoni et Émile Deschamps, Arsène Houssaye, Victor de Laprade, Laurent-Pichat, Sainte-Beuve, Joséphin Soulary, Armand Sylvestre…
Burty sollicita les meilleurs artistes et poètes du temps pour ce recueil mais la popularité de cette initiative dépassa bientôt les ambitions de son directeur – le poète Stéphane Mallarmé en fut même évincé. Même s'il ne figure pas dans l'ouvrage, c'est grâce à ce projet que vit le jour un chef d'œuvre symboliste mallarméen, le célébrissime sonnet en -yx, considéré comme une véritable « eau-forte en prose » (Emmanuel Martin). Cazalis sera absolument furieux de ce refus : « Burty, l'impressario de cette sotte affaire, avait maintenant plus de sonnets que d'aquafortistes, et n'en acceptait plus, fût-il un sonnet de Dieu lui-même. Je lui ai répondu qu'il était un sot » (Lettre à Mallarmé), démontrant l'importance d'être inclus dans cette anthologie poétique.
L'élaboration de l'ouvrage sera ponctuée par de multiples rebondissements, désistements et âpres négociations, notamment avec Victor Hugo qui décline l'offre de préfacer l'ouvrage. Il collabore ici non pas en tant que poète mais en tant qu'artiste : « ce dessin, c'est encore de la poésie », écrira Paul Mantz dans la Gazette des Beaux-arts, à propos de la magnifique encre hugolienne illustrant le poème éponyme de son ami Paul Meurice. De fait, l'œuvre se place au-delà de la poésie hugolienne, comme le proclame son titre. Si « Sonnets et eaux-fortes » semble aujourd'hui une appellation très prosaïque, ce titre se réclame pour Paul Burty et les artistes qui participent à son œuvre, d'une esthétique résolument moderne. La revendication de ces deux formes artistiques délaissées depuis la Renaissance, marquent une rupture avec les grandes figures poétiques et artistiques du Romantisme : « Victor Hugo n'a point fait de sonnets. Il n'est pas de ceux qui, captifs volontaires, se plaisent à s'enfermer dans une étroite cellule », remarque Mantz, ni d'ailleurs Lamartine ou Chateaubriand.
A l'opposé, Baudelaire, promoteur passionné de ces nouvelles esthétiques, est une figure tutélaire de l'œuvre : « plane sur ce livre rare l'ombre de Baudelaire (mort l'année précédente), absent parmi les poètes, mais présent en creux dans la mesure où il a largement participé à la mise en valeur du sonnet et à la célébration du renouveau de l'eau-forte dans les années 1860 » (Joël Dalançon). Si la mort du poète rend impossible sa participation à cette œuvre vivante, il est toutefois remplacé par son héritier, un jeune poète de 24 ans qui n'a encore publié qu'un recueil, Paul Verlaine.
« Sonnets et eaux-fortes », bien plus qu'une description physique des œuvres réunies, est donc un titre manifeste, à la fois rencontre des artistes de la modernité : « Ces deux formes, la nouvelle poésie et l'eau-forte nouvelle ne pouvaient longtemps s'ignorer » et invention du livre de peintre, qui pour la première fois réunit l'Art et le Vers, non comme simple illustration ou commentaire d'une œuvre passée, mais dans un échange vivant et fécond, à l'instar du poème de Gautier, écrit à partir de l'eau-forte de Leys : « De là est né le recueil que nous annonçons et qui, par la nouveauté du spectacle qu'il présente aux yeux, par l'intérêt qu'il éveille pour l'esprit, paraît devoir faire quelque bruit dans Paris. » (Paul Mantz, Gazette des beaux-arts, janvier 1869).
Ce rare exemplaire sur peau de vélin participe de la vive réaction du monde du livre parisien à la production industrielle de masse. Provoquée par la reproduction de la photographie à grande échelle dans le dernier tiers du siècle, cette popularisation engendra à l'inverse des initiatives éditoriales d'un luxe et d'une rareté inouïs, définies par une attention portée aux procédés de fabrication artisanale et au maintien des traditions. Plus encore, les quelques exemplaires sur parchemin, réservés sans doute à Lemerre et Burty, se veulent une réhabilitation de l'œuvre publiée élevée au rang d'œuvre d'art unique et intemporelle. Ils sont le direct héritage du livre d'Heures médiéval qui unissait déjà l'enluminure et la calligraphie et dont les plus précieux exemplaires étaient réalisés sur ces inaltérables peaux de vélin – assurant par leur nature même, l'immortalité des mots et images qu'elles abritent. Cette vertu de conservation s'avère d'une importance capitale ici, puisque les planches des eaux-fortes originales ont été détruites après publication (comme mentionné dans la justification du tirage), et de nombreux exemplaires sur vergé démantelés pour satisfaire l'appétit des amateurs d'estampes.
L'édition « courante » à 350 exemplaires se voulait déjà un livre pour happy few, ce tirage quasiment unique sur peau de vélin que les éditeurs n'annoncent même pas dans le colophon sera l'apanage de la préciosité fin-de-siècle. On se souvient du goût immodéré de Des Esseintes pour ses exemplaires de Barbey d'Aurevilly ou Mallarmé sur cette matière exquise et décadente. Par ses pratiques bibliophiliques extravagantes – cet exemplaire en est un parfait exemple – Burty sera lui-même comparé aux frères Goncourt ou au fameux héros d'A Rebours.
Le plus rare tirage de cette anthologie illustrée, véritable florilège de talents graphiques et poétiques considéré comme un incontournable jalon de l'histoire de l'art et du livre. Il s'agit du seul exemplaire connu sur parchemin habillé d'une reliure strictement de l'époque.
 

Critique de Sonnets et eaux-fortes (Paul Mantz, Gazette des beaux-arts, janvier 1869)
Exemplaire sur parchemin de R. Esmerian, Wormsley Library
Exemplaire sur parchemin de Ph. Burty au MAK Museum, Vienne
Exemplaire sur parchemin de Ph. Burty dans la bibliothèque Béraldi
Exemplaire sur parchemin de Ph. Burty, sa vente 1891
Bibliographie - Carteret
Bibliographie - Melot

28 000 €

Réf : 87857

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