Félix Tournachon dit NADAR
(Charles BAUDELAIRE)
Portrait photographique en médaillon de Charles Baudelaire « de trois quarts en redingote noire, ouverte, laissant voir les quatre boutons de son gilet, en haut, non attachés, pour faire place à la main droite plongeant dans la poitrine […] Le visage glabre, aux cheveux longs est violemment éclairé du côté droit et s'enlève sur un fond noir. La chevelure est soignée. La toilette correcte et sobre. »
Nadar, Paris 1862, Photographie : 5,8x9,3cm / Carton : 6,4x10,5cm, une photographie.
Rarissime photographie originale représentant Charles Baudelaire en médaillon sur papier albuminé, tirage d'époque au format carte de visite, contrecollée sur un carton de l'atelier Nadar 51 rue d'Anjou St Honoré : « Le poète vu de trois quarts est en redingote noire, ouverte, laissant voir les quatre boutons de son gilet, en haut, non attachés, pour faire place à la main droite plongeant dans la poitrine […]. Le visage glabre, aux cheveux longs, est violemment éclairé du côté droit et s'enlève sur un fond noir. La chevelure est soignée. La toilette correcte et sobre. » (Ourosof, Le Tombeau de Charles Baudelaire, 1896) Carte de visite déposée à la BNF, dépôt légal été 1862. Le négatif est conservé.
« La plaque de quatre poses [identiques] a été cédée par Anne Nadar, seconde épouse de Paul, le 4 janvier 1950 avec le fonds des 60 000 plaques de l'Atelier Nadar aux Archives photographiques de la direction du Patrimoine. Elle a été mise en dépôt en 1982 au musée d'Orsay. » (S. Plantureux, Charles Baudelaire ou le rêve d'un curieux).
Ce cliché, réalisé en 1862, a probablement été commercialisé peu de temps après 1871, comme en témoigne l'adresse du photographe au dos du carton : « 51 rue d'Anjou St Honoré – Anciennement boulevart [sic] des Capucines ». Seules deux poses de Baudelaire semblent avoir été retenues lors de cette séance. Celle-ci servit de modèle à édouard Manet pour son portrait gravé du poète en 1865.
« S'il est permis à la photographie de suppléer l'art dans quelques-unes de ses fonctions, elle l'aura bientôt supplanté ou corrompu tout à fait, grâce à l'alliance naturelle qu'elle trouvera dans la sottise de la multitude » écrivait Charles Baudelaire dans le Salon de 1859.
On ne connaît que quinze portraits photographiques différents de Baudelaire, réalisés entre 1855 et 1866 (trois séances chez Nadar, trois chez Carjat et une chez Neyt), dont il ne subsiste pour certains qu'un seul exemplaire. Notre photographie n'est pas au Musée d'Orsay, qui possède la plaque photographique originale. On n'en trouve en outre qu'un seul autre exemplaire à la Bibliothèque nationale de France, au format carte-cabinet, pas en médaillon et mesurant 14,4 x 10,4 cm.
Une autre photographie, au format carte de visite – et toujours pas en médaillon – a été proposée en 2007 lors de la vente d'une partie de la collection Pierre Leroy : « Cet exemplaire a atteint le prix respectable – ou extravagant – de 12 000 euros […]. Daté au catalogue de 1862, sans information sur l'époque du tirage. […] Voir un autre exemplaire […] format 83 x 51 mm joint au manuscrit de la première biographie de Baudelaire par Asselineau (étude Osenat, 16 nov. 2019) » (J. Desse, Une photo de Baudelaire…). Nous n'avons pu trouver d'autre exemplaire de ce cliché en vente.
Baudelaire et Nadar se rencontrèrent en 1843 et leur amitié perdura jusqu'à la mort du poète en 1867. Le photographe réalisa au total sept portraits de son ami entre 1855 et 1862. Les deux hommes, pleins d'admiration l'un pour l'autre, se rendirent d'émouvants hommages dans leurs œuvres respectives : Baudelaire dédia « Le rêve d'un curieux » (in Les Fleurs du Mal) au portraitiste qui lui consacra pour sa part, outre des caricatures et des portraits photographiques, un ouvrage sans fard intitulé Charles Baudelaire intime : le poète vierge (1911).
Rarissime et bel exemplaire bien contrasté de cette photographie peu connue de Baudelaire par le photographe français le plus important du XIXè siècle.