Paul GAUGUIN & George-Daniel de MONFREID
Diane et Actéon aux Marquises. Noa Noa. Epreuve unique du bois dessiné et gravé d'après Paul Gauguin par George-Daniel de Monfreid
s.d. (1924), 93x78mm, autre.
Epreuve originale probablement unique de cet état intermédiaire d'un bois dessiné et gravé d'après deux œuvres de Paul Gauguin par Georges-Daniel de Monfreid.
Tirage sur japon pelure, annotation de l'artiste au crayon en marge gauche.
Bois dessiné et gravé d'après deux œuvres, l'homme au bois étant une reprise d'une aquarelle de la page 37 du manuscrit de
Noa Noa, tandis que la femme en pied originellement observée par ce fureteur, est ici présentée en buste avec main au visage, modèle repris sur un bois gravé de Gauguin en page 4 du manuscrit (et son croquis original collé en page 51), évoquant une scène similaire.
Le bois définitif servira de tête au chapitre IV de la véritable édition originale illustrée de
Noa Noa, parue chez Crès en 1924, premier ouvrage illustré d'après Paul Gauguin et majestueux hommage à l'un des précurseurs de l'art moderne.
Superbe gravure synthétisant une aquarelle du manuscrit original de
Noa Noa, inspirée du mythe de Diane et Actéon, gravée par le plus proche ami et exécuteur testamentaire de Gauguin, l'artiste Georges-Daniel de Monfreid, héritier de l'album qu'il offrira en 1927 à l'Etat Français.
Cette épreuve, probablement unique, fait partie des 17 bois d'essais connus du projet de publication précoce de
Noa Noa, tous réalisés sur divers papiers fins et annotés par l'artiste.
C'est à partir du manuscrit illustré original de Noa Noa rapporté de Tahiti par Segalen à la mort de l'artiste en 1903 que Monfreid entreprit, dès 1904, la réalisation de cette œuvre fondamentale. Il s'agit de la seconde version de ce carnet « à lire et à regarder ». Le premier manuscrit, rédigé au retour de son premier voyage et confié par Gauguin à Charles Morice en 1893 répondait à un projet différent. Gauguin n'avait composé que le texte, entrecoupé de pages blanches destinées aux poèmes de Morice. Mais, après plusieurs années sans nouvelles, celui-ci préféra publier en 1901 une version entièrement réécrite par ses soins. Gauguin recopia donc son manuscrit et l'illustra lors de son second séjour en Polynésie, de croquis, aquarelles et collages. Cet album, que l'artiste enrichit et conserva précieusement jusqu'à sa mort, est aujourd'hui au Musée d'Orsay.
C'est donc d'après ce manuscrit, le seul illustré, que Monfreid composa l'édition du Noa Noa de Gauguin. Cependant, si le projet de publication de Monfreid fut précoce, il mit plus de vingt ans à le mener à bien, en partie à cause d'un conflit de droit d'auteur avec Charles Morice qui souhaitait figurer comme co-auteur de l'édition en préparation et dont les poèmes seront finalement conservés.
Fruit de plusieurs années de réflexion et de travail, l'édition de 1924 se veut à la fois fidèle aux aquarelles et bois gravés illustrant le précieux manuscrit, mais également à l'ensemble de l'œuvre tahitienne de Gauguin, mort dans l'indifférence. Monfreid grave ainsi plusieurs dessins du cahier original et l'enrichit de bois réalisés à partir des autres œuvres dont il est le dépositaire. Certaines de ces compositions associent plusieurs peintures, tout en respectant scrupuleusement le trait de l'artiste, transformant l'ouvrage en véritable voyage à travers les œuvres du peintre. Le choix même de la gravure sur bois est un hommage à cette technique prisée par Gauguin qui réalisa à Pont-Aven 10 bois pour illustrer son manuscrit entre ses deux séjours polynésiens.
Les bois intermédiaires, jusqu'alors inconnus, témoignent du lent travail de composition pour restituer la richesse artistique de l'œuvre de Gauguin par son plus fidèle compagnon artistique et premier défenseur : « Quand je vis Gauguin pour la première fois, je fus fortement déconcerté par les données d'art émanant de ses œuvres aussi bien que des conversations de cet homme extraordinaire… En lui tout de suite on sentait le Maître » (In L'hermitage, 1903)
Epreuve unique du bois gravé d'après une aquarelle réinterprétant le mythe de Diane surprise au bain par Actéon. Monfreid a pris soin de conserver, dans la gravure, la forme typique en bois de cerf de la branche saisie par l'indiscret, qui évoque sa métamorphose par la déesse.
Très rare œuvre de Gauguin mêlant mythologie antique et exotisme insulaire dont la puissance subversive semble toute entière portée par l'expression de feinte surprise de la Diane vahiné.
1 700 €
Réf : 78248
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