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Voyage dans la Basse et Haute Egypte : 1. Jeunes Barabra. 2. La dernière Pyramide en remontant du Nil. (Planche 62).

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Dominique VIVANT DENON & PREVOST (sculpsit)

Voyage dans la Basse et Haute Egypte : 1. Jeunes Barabra. 2. La dernière Pyramide en remontant du Nil. (Planche 62).

Didot, Paris 1803, 40,5x54cm, une feuille.


Gravure originale in folio, extraite du Voyage dans la Basse et la Haute Egypte de Vivant Denon.Planche composée de 2 vues ainsi décrites par l'auteur:N° 1. Les restes d'un quai revêtu, près Etfu ; deux escaliers descendoient au Nil ; nulles autres ruines n'accompagnent ce fragment, qui indique cependant l'antique voisinage d'une ville, puisque les escaliers annoncent que ce quai avoit encore une autre usage que celui de retenir les eaux ; le fleuve a déchaussé la culée de cette construction, et passe actuellement derriere. Ce fragment intéressant en lui-même, mais offrant des formes peu pittoresques, j'ai cru devoir y ajouter un groupe de jeunes personnages appelés Goubli ou d'au-delà, ou Barabra, qui est le nom générique de tous les peuples de l'Egypte qui sont d'au-delà des cataractes ; leur costume, pour les hommes est la nudité absolue, à quoi ils ajoutent un morceau de drap ou de toile de coton qu'ils promenent à volonté sur ce qu'ils veulent couvrir de leur personne ; leurs cheveux, assez longs, quoique crépus, sont encore frisés et bouclés en long à la maniere des anciennes figures égyptiennes ; ils oignent leur chevelure avec de l'huile de cedre, dont ils aiment l'odeur, et qui prévient en même temps l'inconvénient de la vermine, qui sans cela s'établiroit d'une maniere indestructible dans des cheveux impossibles à peigner. Les femmes et les enfants portent deux boucles à chaque oreille, l'une au-dessus, l'autre au-dessous, des colliers avec des franges formées de petites lanieres de cuir, terminées par des grains de verre colorés ; une ceinture de même étoffe, terminée de même, et qui leur arrive jusqu'à la moitié des cuisses, suffit pour tranquilliser leur pudeur, jusqu'au moment où elles deviennent nubiles. Les femmes d'au-delà, sont bien faites, ont les muscles ronds et fermes, ont la peau fine, le contact frais, et par cela ont un mérite particulier très apprécié par des hommes dont l'amour est palpable, et la volupté toute matérielle, qui calculent et évaluent les qualités physiques, et achetent dans les femmes d'au-delà des jouissances d'été, genre de luxe que nous ne connoissons encore que pour nos vêtements : les Russes bâtissent leurs maisons pour l'hiver, les Italiens pour l'été, les Orientaux, comme les Kamchadals, croient avoir besoin d'une habitation d'hiver et d'une habitation pour le temps des grandes chaleurs.N° 2. Une vue de la derniere des pyramides, à cent trente lieues de celles de Gizeh, près d'un village bâti dans le désert, au-delà d'Etfu ; cette pyramide, infiniment plus petite que les autres, construite de masses plus divisées, n'a pas opposé la même résistance au temps, ou bien appartient à une époque antérieure ; écroulée dans toutes ses parties, elle ne paroît plus qu'un tas de moellons, que l'on voit cependant qui ont été façonnés et posés sur des assises régulieres. Pour donner quelque intérêt à cette vue si seche par elle-même, j'y ai ajouté l'habitation, prise aussi d'après nature, d'une famille d'Arabes cultivateurs sur le bord du désert ; j'ai voulu donner l'image de cette tranquillité monotone qui n'est distraite par le choc d'aucune nouveauté ; de ce calme qui laisse un long temps entre chaque événement de la vie ; de cette tranquillité où tout se succede paisiblement dans l'ame, où peu-à-peu une émotion devient un sentiment, où une habitude devient un principe, où enfin la plus légere impression est analysée ; de telle sorte qu'en conversant avec cette espece d'hommes, on est tout étonné de trouver en lui les distinctions les plus délicates, et le sentiment le plus fin à côté de l'ignorance la plus absolue. Quelques pans de murailles de terre, auxquels ils ajoutent une couverture de paille, suffisent pour leur habitation. La fabrique qui est au milieu est un colombier, construit en terre cuite au soleil ; elle est divisée en petites cases dans l'intérieur pour chaque famille de pigeon ; la porte est ronde ; c'est ce qu'on voit au-dessous du colombier ; il y a au milieu une petite ouverture pour laisser passer l'air ; on l'applique chaque nuit pour mettre la colonie en sûreté contre les chakals. A droite est le poulailler, moins élevé, plus petit, parcequ'il n'a point de division intérieure; à gauche l'appartement principal, celui des femmes, et où l'on se retire lorsqu'on craint une nuit froide ; au-dessus sont des chiens, qui ne sont de rien dans la société amicale, et qui vivent à part comme alliés défensifs ; une gazelle, un milan, qui sont aussi des associés libres ; les poulets et les pigeons sont les seuls domestiques : les bardaks, qui sont les pots à boire, les ballasses ou jarres à éclaircir l'eau, et quelques écuelles, sont à-peu-près tous les ustensiles du ménage ; la plante que l'on voit est une coloquinte, qui croît dans le désert, germe et se développe pendant la saison des nuits fraîches qui succedent à l'inondation, et lorsque quelques pluies dans les montagnes amenent un peu d'eau dans la plaine ; cette plante s'étend ; les melons qu'elle produit se forment ; une partie des feuilles est mangée par les gazelles, le reste est dévoré par la sécheresse ; défendus par leur amertume, les fruits restent isolés jusqu'à l'année d'ensuite, que la graine ensemence et perpétue cette végétation, la plus marquante du petit nombre de celles qui croissent dans le désert. Un des hommes est occupé à tricoter un turban de la laine de ses moutons : l'autre jouit par cela seul qu'il ne fait rien ; calme, il rêve, il vit.Quelques rousseurs principalement marginales, sinon bel état de conservation.Publié pour la première fois en deux volumes, dont un atlas de gravures, chez Didot, en 1802, le 'Voyage dans la Basse et la Haute Égypte' connut un tel succès qu'il fut traduit dès 1803 en Anglais et en Allemand, puis quelques années plus tard en Hollandais et en Italien, notamment. Presque toutes les planches sont dessinées par Denon, qui en a aussi gravé lui-même un petit nombre, notamment des portraits d'habitants d'Egypte, qui ont encore gardée toute la fraîcheur d'esquisses prises sur le vif (nos 104-111). Une bonne vingtaine de graveurs ont également collaboré à la création des eaux-fortes dont Baltard, Galien, Réville et d'autres.Dominique Vivant, baron Denon, dit Vivant Denon, né à Givry le 4 janvier 1747 et mort à Paris le 27 avril 1825, est un graveur, écrivain, diplomate et administrateur français. A l'invitation de Bonaparte, il se joint à l'expédition d'Egypte en embarquant dès le 14 mai 1798 sur la frégate " La Junon ". Protégé par les troupes françaises, il a l'opportunité de parcourir le pays dans tous les sens, afin de rassembler le matériau qui servit de base à son travail artistique et littéraire le plus important. Il accompagne en particulier le général Desaix en Haute Egypte, dont il rapporte de très nombreux croquis, lavis à l'encre et autres dessins à la plume, à la pierre noire, ou à la sanguine. Il dessine sans relâche, le plus souvent sur son genou, debout ou même à cheval, et parfois jusque sous le feu de l'ennemi. A l'issue d'un voyage de 13 mois durant lesquels il dessine plusieurs milliers de croquis, Vivant Denon rentre en France avec Bonaparte, et devient le premier artiste à publier le récit de cette expédition. Les 141 planches qui accompagnent son Journal retracent l'ensemble de son voyage, depuis les côtes de la Corse jusqu'aux monuments pharaoniques de la Haute Egypte. Bonaparte le nomme ensuite directeur général du musée central de la République, qui devient le musée Napoléon, puis le musée royal du Louvre et administrateur des arts. En 1805, Vivant Denon relance le projet de la colonne Vendôme, qui avait été suspendu en 1803. Il organise ensuite des expéditions dans toute l'Europe impériale pour amasser les objets d'art, qui sont pillés pour être emportés au Louvre. En 1814, Louis XVIII le confirme à la tête du Louvre, dont une aile porte encore son nom aujourd'hui. Il est considéré comme un grand précurseur de la muséologie, de l'histoire de l'art et de l'égyptologie.

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