Matthaeus BOSSUS (Matteo BOSSO)
Recuperationes Faesulanae
Franciscus (Plato) de Benedictis, Bologna 20 juillet 1493, in-folio (20,5x30cm), 184 f. (+6 a-g8 h6 i4 A-O8), relié.
Seconde édition enrichie d'une lettre dédicatoire à Pietro Barozzi, évêque de Padoue, l'originale est parue l'année précédente à Florence.
L'ouvrage est entièrement rubriqué en bleu et rouge et présente au feuillet a
3 une belle lettrine « Q » rehaussée à l'or ainsi qu'une enluminure également dorée, représentant un blason ecclésiastique étoilé au centre d'une couronne de laurier, au bas de ce même feuillet. Marque de l'imprimeur au dernier feuillet. Exemplaire grand de marge, imprimé sur papier vergé fort en caractères ronds, 36 lignes par page.
Reliure pastiche du XIX
ème siècle en pleine basane brune estampée à froid reprenant les décors des reliures de la Renaissance. Gardes de parchemin de réemploi du XIII
ème siècle présentant un registre de noms comtaux.
Trois pages habilement restaurées en marge basse en fin de volume.
Ex-libris de la collection Paolino Gerli (Manhattan College, New York), un deuxième de la bibliothèque Giorgio di Veroli et le dernier de celle de Gianni de Marco encollés sur le premier contreplat. Timbre à sec de ce dernier en bas de la garde suivante. Deux numéros d'inventaires imprimés dans le corps du texte. Paolino Gerli (1890-1982) fut un marchand de soie américain prospère, administrateur et ancien élève honoraire du Manhattan College à qui il fit don de nombreux ouvrages de sa bibliothèque. Giorgio di Veroli (1890-1952) fut quant à lui un banquier new yorkais.
Très bel exemplaire de cet incunable de Bologne, réalisé par l'un des éditeurs-typographes italiens les plus raffinés de la Renaissance, et ayant appartenu à deux grandes figures italiennes de la haute société new yorkaise.Humaniste, orateur de talent, abbé de Fiesole et chanoine régulier du Latran, Matteo Bosso (Vérone 1427, Padoue 1502) est une figure importante de la Renaissance chrétienne italienne. Proche des plus grands esprits de son temps, il est membre de l'Académie platonicienne de Marcile Ficin, ami d'Ermolao Barbaro et de Pic de la Mirandole et jouit de l'estime et de la protection des Médicis. Laurent le Magnifique, dont il est le confesseur, le choisit pour revêtir son fils Jean, futur Léon X, des ornements de Cardinal, tandis que Cosme de Médicis le charge de la restauration de l'abbaye de Fiesole que Bosso confie à Filippo Brunelleschi. Bosso tentera également à la demande du Pape Sixte IV de réformer les monastères féminins et refusera les honneurs et évêchés qui lui furent offerts en récompense, préférant conserver la pauvreté de sa condition.
Ce précieux recueil composé d'écrits philosophiques, théologiques et littéraires et d'une importante correspondance avec les plus grands esprits de son temps, fut l'occasion pour Matteo Bosso d'un audacieux dialogue entre la modernité des idées humanistes et l'exigeant rigorisme chrétien.
«
De tolerandis adversis », écrit en 1463 à Alexandrie et dédié à son frère Giovanni Filippo Bosso, est une réflexion sur les bienfaits de l'adversité non par sa valeur de rédemption mais par l'enseignement qu'elle prodigue sur les grands esprits. Cette conception nouvelle de la souffrance marquera la pensée humaniste.
Vingt chapitres forment ensuite le traité «
De gerendo magistratu iustitiaque colenda » à l'usage des magistrats, dans lequel Bosso, expose la meilleure manière de gouverner en comparant, à l'aide des Anciens, les différents régimes politiques : monarchie, oligarchie ou démocratie.
Suivent sept «
orationes », sermons d'une rigueur doctrinale claire, dont l'un, très important concerne la défense de la loi du mois de mars 1453 contre le luxe des ornements des femmes bolognaises, importante réforme portée par le chanoine.
La dernière partie et la plus conséquente regroupe 133 lettres que Bossus adressa aux plus grandes figures de son temps avec lesquelles il s'était lié d'amitié durant ses nombreux voyages à travers l'Italie centrale et septentrionale. Parmi eux figurent de nombreux humanistes comme son ami Jean Pic de la Mirandole – qui contribuera à la publication posthume des premiers écrits de Bosso – et son neveu Jean-François, Gentile de' Becchi, évêque d'Arezzo et précepteur de Laurent et jean de Médicis , les poètes Pandolfo Collenuccio et Panfilo Sasso, le philosophe Guarino de Vérone, le danseur Antonio Cornazzano ou encore Ermolao Barbaro et bien sûr, Laurent de Medicis... mais également plusieurs femmes avec lesquelles Matteo Bosso échangea ses idées sur les mœurs dont Isola Nogarola ou la franciscaine Violante Séraphique.
Cette importante et passionnante correspondance humaniste est aujourd'hui encore considérée comme une source historique fondamentale pour l'étude de la vie intellectuelle italienne de la fin du XV
ème siècle.
Superbe exemplaire, grand de marge et rubriqué, de ce témoignage contemporain d'un humaniste au cœur du bouleversement intellectuel initié par la Renaissance.