Charles de Secondat MONTESQUIEU
De l'esprit des loix
Chez Barrillot et fils, à Genève 1749, In-4 (19,5x25,7cm), xxiv, 326pp. et (2) xiv, 398pp., 2 volumes reliés.
Nouvelle édition, rare, après l'originale d'une rareté insigne parue en 1748. Il s'agit d'une des deux éditions parues en 1749 chez Barrillot, celle-ci en deux volumes et contenant pour la première fois une grande carte dépliante. C'est cette édition qui est référencée par Brunet.
Reliures en plein veau marbré et glacé d'époque. Dos à nerfs ornés. Pièces de titre et de tomaison en maroquin beige. Manque en tête du tome I. Coiffe de tête du tome II élimée, avec manque aux mors. 5 trous de vers sur le dos du tome II. Epidermure le long du mors du tome I avec léger manque à la tomaison. Une autre épidermure au premier caisson du tome I. 3 coins émoussés et dénudés. Une trace légère de mouillure au coin droit en marge, dernier tiers du livre du tome II. Frottements. Malgré les défauts mentionnés, agréable exemplaire, assez élégant. On ne trouve que rarement des exemplaires en deux volumes, ils sont la plupart du temps reliés en un.
Livre emblématique et phare du XVIIIe siècle, L’esprit des lois, c’est à dire les principes et les tendances par lesquels se font les lois, aura une influence déterminante sur la vie politique, et sera un guide pour la rédaction de la constitution de 1791 et de celle des États-Unis. La thèse générale de Montesquieu (1689- 1755), c’est que les lois ne sont pas seulement une création des hommes - L’esprit des lois c’est »les divers rapports des lois avec diverses choses» - mais que les causes qui les forment sont multiples ; il y a donc des causes physiques (le climat), des causes morales (religion, moeurs...) ; de plus une justice primitive est à l’origine des lois ; il y a donc bien un esprit des lois. Mais le livre n’est pas seulement un traité de l’esprit qui anime les lois, c’est avant tout un traité des gouvernements et surtout, de la liberté. Bien que le livre fût beaucoup lu, il fut accueillit avec une certaine froideur (par les philosophes, qui ne reconnaissaient pas en Montesquieu un des leurs et lui reprochaient son conservatisme) et beaucoup de critiques (de la part des ecclésiastiques).
Ex libris gravé du XIXe Octave Chavaillon :
Conscience est la ruine.