Richard KIRWAN & Marie-Anne Pierrette LAVOISIER [née PAULZE] & Antoine Laurent LAVOISIER & Guyton de MORVEAU & Pierre Simon de LAPLACE & Gaspard MONGE & Claude Louis BERTHOLLET & Antoine François de FOURCROY
Essai sur le Phlogistique, et sur la constitution des Acides
S.n., Paris 1788, in-8 (12,5x20cm), xij ; 344 pp.; (4 p.), relié.
Edition originale et unique parution de la traduction et analyse critique par les plus grands scientifiques français sous la direction de Mme Lavoisier de ce texte publié en anglais l'année précédente sous le titre
An Essay on Phlogiston and the Constitution of Acids. L'ouvrage est constitué de douze sections, toutes suivies de notes critiques par Louis-Bernard Guyton de Morveau, Antoine Laurent Lavoisier, Pierre Simon de La Place, Gaspard Monge, Claude Louis Berthollet et Antoine François de Fourcroy.
Reliure de l'époque en demi basane havane, dos lisse orné de filets et fleurons dorés, pièce de titre de maroquin noir, plats de papier à la colle. Mors très habilement restaurés.
Intérieur frais hormis deux traces laissées par des signets aux pages 68-69 et 176-177.
Rare envoi autographe de Mme Lavoisier à Joseph Louis de Lagrange, illustre mathématicien et fidèle ami de M. Lavoisier.Précieux témoignage du rôle prépondérant que joua Mme Lavoisier dans la « révolution chimique » à l'aube de la Révolution française.Le phlogistique est une théorie chimique apparue à la fin du XVII
ème siècle – conçue par Johann Becker et développée par Georg Ernst Stahl – postulant l'existence d'un « élément flamme » inhérent aux corps inflammables et libéré lors de la combustion. Cette hypothèse fut totalement réfutée par Lavoisier qui mit en évidence le rôle de l'oxygène dans le processus de la combustion, créant ainsi la théorie de l'oxydation.
Irrité par le scepticisme de Lavoisier à l'égard du phlogistique, l'éminent chimiste irlandais Richard Kirwan publia ce texte intitulé
Essay on Phlogiston. « (...) Les chimistes français ralliés à Lavoisier décidèrent de répondre en faisant traduire en français
An Essay on Phlogiston. » (Keiko Kawashima, « Madame Lavoisier et la traduction française de l'
Essay on phlogiston de Kirwan » in
Revue d'histoire des sciences, 2000)
Notre ouvrage, loin d'être une simple traduction du travail de Kirwan, emprunte donc la forme d'un véritable manifeste dans lequel les plus grands chimistes du temps s'élèvent contre la théorie phlogistique, déconstruisant un à un les arguments de ses adeptes. L'immense succès de cette traduction française conduit Kirwan à tenter de réfuter les objections de Lavoisier et ses collaborateurs. Il publia en 1789 une deuxième édition de son ouvrage, traduisant les notes françaises de ses détracteurs en anglais et y ajoutant ses propres réfutations. Il se convertit finalement aux idées des antiphlogisticiens, fondatrices de la chimie organique moderne.
Marie-Anne Pierrette Paulze – Mme Lavoisier – eut un rôle décisif dans la carrière de son mari qui lui enseigna la chimie à sa demande ; elle devint dès lors son assistante, notant les expériences entreprises par Lavoisier et leurs résultats. Bien vite, elle occupa une place dépassant celle de l'épouse dévouée, devenant traductrice mais également autrice : plusieurs notes de cet
Essai sur le phlogistique sont de sa plume. Summum de son implication, c'est elle – en sa qualité d'habile illustratrice – qui dessina toutes les planches du
Traité élémentaire de chimie (1789), y apposant cette fois sa signature
« Paulze Lavoisier Sculpsit ».
Notre exemplaire est enrichi d'un rare envoi autographe « du traducteur » - Mme Lavoisier - à Joseph Louis de Lagrange (1736-1813), l'un des meilleurs amis de son mari. C'est Lavoisier qui aiguisa l'intérêt de Lagrange pour cette nouvelle science qu'était la chimie. Ensemble, ils participèrent à l'élaboration du système métrique uniformisant les poids et les mesures, qui vit le jour durant la Révolution. Travaillant pour le gouvernement révolutionnaire, Lagrange eut plus de chance que son ami chimiste qui, victime de la Terreur, fut exécuté. Apprenant que Lavoisier a été guillotiné, le mathématicien déclara : « Il a fallu un instant pour couper la tête de Lavoisier, et un siècle ne suffira pas pour produire une tête si bien faite ».
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