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Autographe, Edition Originale

George SAND Lettre autographe signée à François Buloz : "N'y changez rien. Relisez-en vous même et vous seul l'épreuve"

1 200 €

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George SAND

Lettre autographe signée à François Buloz : "N'y changez rien. Relisez-en vous même et vous seul l'épreuve"

s.d. (23 février 1838), 11x20,4cm, 1 page sur feuillet.


| Sand publie sa riposte à Lerminier |
*

Lettre autographe signée de George Sand adressée à François Buloz. Une page à l'encre noire sur un feuillet.
Traces de plis, feuillet renforcé par un papier au verso.
Publiée dans sa correspondance (éd. Georges Lubin), t. IV, p. 331-332.
Exaspérée par l'attitude de la Revue des deux mondes de son ami Buloz, George Sand décide de prendre la défense du penseur progressiste Félicité Lammenais, visé par une critique cinglante publiée dans la revue. Elle prend ici sa plume et ordonne à Buloz de publier son article de riposte, sans en changer une ligne.



Mon cher Buloz, voici la lettre à M. Lerminier n'y changez rien. Relisez-en vous même et vous seul l'épreuve. Corrigez les fautes de typographie. Veuillez à la ponctuation et aux guillemets. Il va sans dire que les blancs de mon manuscrits sont le résultat de coupures et de transcriptions que j'ai faites, et ne demandent que de simples alinéas
Bonjour et amitié,
George





Cette lettre constitue la parfaite illustration de la collaboration aussi houleuse que fructueuse qui unit François Buloz et George Sand. Ce dernier donne pendant de nombreuses années à Sand une tribune et un moyen de vivre de sa plume. Elle publie dans la Revue un grand nombre de chefs-d'oeuvre, dont Lettres d'un voyageur (1834-1836), Mauprat (1837), Spiridion (1839), Gabriel (1839), Mademoiselle La Quintinie (1863), Césanne Dietrich (1870). Par son biais, elle participe aussi activement aux débats politiques de son temps. En 1838, Buloz est le grand orchestrateur d'un duel idéologique lorsque Sand "décide de prendre à partie le critique Lerminier, qui venait de faire dans la revue une analyse très critique du Livre du peuple, Buloz par désir de publicité permet à ses deux collaborateurs d'échanger publiquement leurs coups dans la revue. Par l'intermédiaire de Lerminier et de son ton supérieur, la revue dévoile alors sa vision plutôt misogyne de la littérature et de la philosophie : « le temps est venu pour vous de donner à vos opinions philosophiques plus de consistance et d'étendue car vous entrez dans une nouvelle phase de la vie et du talent. L'inspiration et la fantaisie vous ont élevée à une hauteur où elles ne suffiraient pas à vous maintenir. Puisez maintenant, madame, de nouvelles forces dans la réflexion et la science » (Marie-Eve Thérenty, George Sand, François Buloz et la Revue des Deux Mondes).
Sand réagit aussitôt et envoie son article de riposte accompagné de cette missive comminatoire, ordonnant à Buloz de publier son texte en l'état. Lamennais sera très touché de son geste :« Je compterai toujours parmi les circonstances heureuses de ma vie, où je n'en compte pas beaucoup, d'avoir été défendu par vous. En publiant mon dernier livre, je savais bien qu'il choquerait à peu près tout le monde, légitimistes, juste-milieu, catholiques, républicains même, ceux du moins qui ne veulent ni de Dieu ni de la liberté, et le nombre en est grand, et ils ont une terrible foi en eux-mêmes. Je n'ai espéré que dans le peuple qui ne fait pas de systèmes, et qui, sous l'influence des instincts humains primitifs et impérissables, juge par le coeur, et juge seul infailliblement. Sans lui je ne sais ce que deviendrait la liberté sur la terre. M. Lerminier et bien d'autres se figurent que je parle au hasard, selon que m'importe l'idée du moment. Ils se trompent » (Yves Chastagnaret, George Sand, Lerminier et le Livre du Peuple de Félicité Lamennais).




Volant au secours d'un défenseur du peuple, Sand rédige cette cinglante missive à un moment clé de sa relation tumultueuse avec Buloz.


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