Léopold de SACHER-MASOCH
Lettre manuscrite signée : "[J'ai] cessé depuis longtemps toute communication avec Mme Wanda de Sacher-Masoch"
1er juin 1893, 11,3x17,7cm, un feuillet.
Lettre manuscrite probablement inédite, rédigée par un secrétaire, datée du 1er juin 1893 et signée par Léopold de Sacher-Masoch à un destinataire inconnu, probablement un avocat. Mention manuscrite de la main de Sacher-Masoch en marge haute gauche de la lettre : «
Répondu le 1 mai 93 »
.Deux pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet.L'écrivain se prépare à un éventuel procès intenté par sa première femme Wanda, l'inspiratrice de son célèbre roman La Vénus à la fourrure, qui tente de recouvrer ce qui lui est dû et se libérer du fantasme qu'elle avait incarné à travers les œuvres de son mari. Wanda, de son vrai nom Angelika Aürora Rümelin, avait signé avec lui le fameux contrat stipulant qu'elle devait se couvrir de fourrure, et le fouetter ainsi vêtue, véritable évangile de ce qui deviendra le masochisme. Malgré cette union sacrée et actée, dès la fin des années 1870, Leopold fut las de la vie avec elle, Wanda étant incapable de combler ses désirs : « Courtisane malgré elle » et « infirmière » selon Jean-Paul Corsetti, elle fut, nous dit Gilles Deleuze « sa compagne à la fois docile, exigeante et dépassée ». Accablé par les difficultés d'argent, il revendit les fameuses fourrures et les robes de sa femme, et leur divorce fut prononcé en 1886.
Poursuivie par son
alter-ego de
Vénus à la fourrure qui avait fait d'elle une Dalila impérieuse et vénale, il semble que Wanda ait voulu poursuivre en justice son ancien mari : «
Ayant cessé depuis longtemps toute communication avec Madame Wanda de Sacher-Masoch, il m'est impossible de m'entendre avec elle à l'amiable [...] En cas échéant, ce sera contre moi que Mme de Sacher-Masoch pourra tenter un procès ». Le procès est sans aucun doute lié à la sortie de
Kassya, un opéra de Léo Delibes sur un livret de Sacher-Masoch adapté par Henri Meilhac et Philippe Gilles, créé à l'Opéra-Comique la même année. Il est possible que Wanda, traductrice des œuvres de Masoch pendant ses années de mariage, n'ait pas reçu ses droits de traduction qui lui étaient dus pour
Kassya, tiré d'une nouvelle parue dans les
Contes galiciens de son mari.
Dans le même esprit que ses années de soumission absolue à Wanda, il tient à porter seul le fardeau des accusations de sa femme, moyennant une somme d'argent payée par les autres auteurs de l'opéra (Henri Meilhac et Philippe Gilles) : «
Je déclarerai dans un acte notariel [sic] que, en touchant la somme dite, je me charge de toute responsabilité vis-à-vis de Mme de Sacher-Masoch ». étrange et pittoresque étape de l'histoire du fondateur du masochisme, encore inconnue de ses biographes.
800 €
Réf : 76378
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