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Henry MILLER Correspondance manuscrite complète d'Henry Miller avec Béatrice Commengé

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Henry MILLER

Correspondance manuscrite complète d'Henry Miller avec Béatrice Commengé

Pacific Palisades 1976-1978, 23 pages A4.


Superbe ensemble complet des 17 lettres au­tographes signées d'Henry Miller et adressées à l'écrivain Béatrice Commengé, auteur notamment de Henry Miller, ange, clown, voyou et traductrice de nombreuses oeuvres d'Anaïs Nin. On joint une enve­loppe autographe adressée par Henry Miller à Béa­trice Commengé et une lettre autographe signée d'Anaïs Nin à Béatrice Commengé.
En 1976, Béatrice Commengé, alors jeune étu­diante en lettres, entreprend la rédaction d'une thèse consacrée à Anaïs Nin et Henry Miller. Depuis son vil­lage périgourdin, elle écrit à l'une et à l'autre. Nin, très souffrante, regrette de ne pouvoir l'aider. Miller, par contre, se laisse d'abord séduire par l'idée d'échanger avec une habitante de Domme, village dont il avait au­trefois célébré la beauté dans Le Colosse de Maroussi. Très rapidement, impressionné par la perspicacité et le style de l'étudiante, il engage avec elle une corres­pondance qu'ils entretiendront jusqu'à ce que, deux ans avant sa mort, la vue d'Henry Miller se dégrade définitivement et l'empêche de lire et d'écrire.
À cette époque, Miller, âgé de quatre-vingt-cinq ans, vit presque reclus à Pacific Palisades en Califor­nie, rejetant l'American Way of Life et ses illusions, re­doutant les trop fréquentes sollicitations. Mais le vieil écrivain est très vite charmé par le regard que porte Commengé sur son oeuvre : « You are a gem ! One of the very few ‘‘fanas'' to understand me. Merci ! Merci mille fois ! », écrit-il dès la seconde lettre. Une véritable amitié épistolaire se noue alors entre le vieil écrivain et la jeune muse : « I think of you as some sort of terrestrial angel » ; « what a delight to get a letter from you » ; « Keep writing me, please ! »
Dans des lettres passionnées rédigées dans tous les sens, où l'anglais se mêle au français, les mots sont sou­lignés, les parenthèses et les exclamations abondent et les post-scriptum sont ajoutés dans les marges, Mil­ler se penche sur ses souvenirs et sur son oeuvre. Re­fusant une correspondance purement universitaire, « To be honest with you, I don't think either A.N. or I, who are naturally very truthful persons, really succeeded with truth as it is conventio­nally thought of. We are both confirmed ‘‘fabu­lators''. » Miller recommande à la jeune femme ses nouvelles lectures et ses vieux amis, « [Lawrence] Durrell is the friend to talk to about me, [...] he knows me inside out » ; « [he] is wonderful when you get to know him. éblouissant même » ; « that great master of the french language – Joseph Delteil » ; « Delteil is almost a saint. But a lively one. » ; « Alf[red Perlès] is the clown, the buffoon, who made me laugh every day ».
Puis il la félicite d'abandonner son projet didac­tique au profit d'un « imaginary book about me » et engage une correspondance bien plus intime. Il lui confie ainsi ses étonnements : « Did you read about the french prostitutes protesting and demons­trating in Paris against my receving [the legion of honor] ? They say I did not treat them well in my books. And I thougth I had ! ! ». Il partage ses gouts littéraires : « I prefer the Welsh. They are the last of the poets. »
Il met également en garde la future traductrice d'Anaïs Nin, contre la dualité de son ancienne maî­tresse : « She is or was a complete enigma, absolu­tely dual. [...] Actually, I suppose there is always this dichotomy between the person and the wri­ter », lui confiant ses secrets : « she is slowly dyin (of cancer) she refuses to admit it. (This is entre nous !) » et révélant ses nouveaux amours : « I am in love with a very beautiful chinese actress [...]. I seem to go from one to another, never totally defeated, never wholly satisfied. But this is near


‘‘eternal'' love as I've never been. »
En effet, malgré son grand âge, l'auteur de Sexus n'a rien perdu de sa passion pour le beau sexe et celui de sa correspondante n'échappe pas à ce Don Juan : « On est curieux – êtes-vous belle etc., je crois que oui. En tout cas je vous prie de m'envoyer une photo, S.V.P. » Dès la première année de leur corres­pondance, c'est dans la langue de Molière – et de Sade – que Miller interroge sa « chère Béatrice » : « Est-ce que vous avez vu le film ‘‘L'Empire de [sic] Sens'' qu'on montre en France, mais pas au Japon, ni ici en Amérique. Les Français prétendent qu'il est un film érotique, mais à mon avis c'est de la pornographie pure ! Il faut m'arrêter – j'attends quelqu'une pour le diner. Une belle ! », puis dans la lettre suivante : « If you have another photo do please send it to me. »
Dans les dernières lettres pourtant, le ton s'assom­brit avec la santé déclinante de l'écrivain et celle du 25 janvier 1978 est un superbe mais terrible témoignage d'un artiste devenu trop faible pour son art, portant un regard acerbe sur sa condition comme sur celle de l'humanité : « Some days, I bang out a few memorable lines or have great ideas (never realized) for fu­ture books » ; « c'est la grand foutaise, if that's the right word » ; « we are about to relive the last day's of Rome. There is no hope – only to rejoice in the end. It needs another order of mankind or replace Homo Sapiens. [...] I prefer the life and culture of the Pygmies... »
Mais Henry Miller conserve toutefois son humour jusqu'à la dernière lettre qu'il achève abruptement, comme à son habitude, d'un sarcastique et phoné­tique : « Enof ! »
Superbe ensemble complet d'une des ultimes cor­respondances d'Henry Miller, révélant l'affinité élec­tive entre le vieil écrivain au crépuscule de sa vie et une jeune romancière naissante, à travers un échange plein de séduction sur les passions toujours ardentes de Mil­ler : la littérature, les amis et les femmes.
 

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