Dessin original signé et daté de 1963, réalisé sur papier fort encollé sur carton au moyen d'adhésif noir, agrémenté d'une dédicace autographe en partie inférieure datée par l'artiste de 1969.
Après de nombreuses années passées en Grèce, en Egypte et à Rhodes, l'écrivain voyageur Lawrence Durrell fut contraint de fuir Chypre à la suite de soulèvements populaires qui menèrent l'île à son indépendance. Riche seulement d'une chemise et d'une machine à écrire mais auréolé du succès de ses romans Bitter Lemons of Cyprus et Justine, il arriva en 1956 en France et s'établit dans le village languedocien de Sommières. Dans la « maison Tartès », sa grande demeure entourée d'arbres, il écrivit la seconde partie de son œuvre, son monumental Quintette d'Avignon, s'adonna à la peinture et reçut ses illustres amis, dont le couple Henry Miller et Anaïs Nin, le violoniste Yehudi Menuhin, l'éditeur londonien Alan G. Thomas, et ses deux filles Pénélope et Sappho.
Parmi les oliviers et sous le soleil méditerranéen, il y rencontre au milieu des années 1960 la jeune et pétillante « Jany » (Janine Brun), Montpelliéraine d'une trentaine d'années à la beauté ravageuse, qui travaillait au département des Antiquités de la Sorbonne à Paris. Elle fut prénommée « Buttons » en souvenir de leur première rencontre, où la jeune fille portait une robe couverte de boutons. Henry Miller tomba également sous le charme de « Buttons », louant sa beauté et son éternelle jeunesse dans d'exceptionnelles lettres restées inédites. Les trois compères passèrent des soirées parisiennes mémorables dont nous gardons de précieuses traces autographes sur un menu de restaurant et à travers leurs échanges épistolaires. Recommandée par Durrell, elle fit de nombreux voyages notamment en Angleterre d'où elle reçut une vaste correspondance de l'écrivain ainsi que des œuvres d'art originales signées de son pseudonyme d'artiste, Oscar Epfs.
Exceptionnel dessin original à l'encre, au graphite, aux feutres et crayons de couleur de Lawrence Durrell, signé de son pseudonyme d'artiste « [Oscar] Epfs 1963 ».
L'œuvre fut offerte en 1969 à son amante française Janine Brun, et porte une exceptionnelle dédicace « My dear Buttons. I have asked my friend Oscar Epfs to give me a small drawing for your studio. Here it is. I hope it gives you Happy memories of Paris and meetings with Miller ! Your devoted Laurence Durrell / Sommières / 1969. » (Ma chère « Buttons ». J'ai demandé à mon ami Oscar Epfs de me donner un petit dessin pour votre appartement. J'espère qu'il vous rappellera d'heureux souvenirs de Paris et de rencontres avec Miller ! Votre dévoué Laurence Durrell [...]).
Parallèlement à son travail d'écriture, l'auteur du Quatuor d'Alexandrie pratiqua assidument la peinture et organisa plusieurs expositions de ses œuvres sous le pseudonyme « Oscar Epfs », son double artistique. Selon Serge Fauchereau, « [...] c'est grâce à son ami Henry Miller qu'il s'était mis à la peinture », en autodidacte, et qu'il produit à partir des années soixante des « fantaisies jubilatoires » (Jean Lacarrière), extrêmement colorées. Cette œuvre est par ailleurs imprégnée de ses longues années passées en Grèce : on y observe le motif de prédilection de Durrell, l'église grecque surmontée d'une coupole et d'une croix, rappelant les paysages insulaires si chers à l'écrivain. Réalisée au moyen d'encres multicolores et crayons de couleurs, elle est baignée de lumière méditerranéenne et agrémentée de miniatures au feutre. Durell poursuivit son activité de peintre et d'écrivain jusqu'à la fin de sa vie passée à Sommières, rendant hommage à la Provence et à la méditerranée à travers ses nombreux dessins et gouaches ainsi que dans son ultime roman Caesar's Vast Ghost.