Maurice BLANCHOT
Sade ou le Royaume de l'Unique [Quelques remarques sur Sade] - Manuscrit autographe complet
S.n. , s.l. S.d (1946), en feuilles.
Manuscrit autographe complet de 12 pages en 6 feuillets in-8 au titre difficilement déchiffrable, peut-être : "Sade ou les Royaumes de L'Unique" et qui paraitra sous le titre "Quelques remarques sur Sade" dans Critique n°3-4 de aout sept 1946.
Manuscrit à l'écriture très dense, comportant de nombreuses ratures, corrections et ajouts.« C'est la pensée de Sade qui pousse celle de Blanchot à son accomplissement, et c'est aussi celle de Blanchot qui accomplit celle de Sade ». (Georges Bataille)
L'écriture et l'amitié de Bataille ne sont sans doute pas étrangères à l'importance que Blanchot accordera toute sa vie à cette figure tutélaire de sa réflexion philosophique.
Ces
Quelques remarques sur Sade, sont pourtant la première étude que Blanchot consacre à cet écrivain qu'il n'avait jusqu'alors presque jamais évoqué.
Dans cette première analyse impartiale et parfois sévère, Blanchot souligne les faiblesses de la posture littéraire de Sade et de sa relative immoralité au sein d'une société post révolutionnaire pétrie de contradictions idéologiques.
Cependant, sous l'artifice d'une expression extrême, Blanchot dévoile une philosophie bien plus déconcertante et subversive que ces «
grandes extravagances ».
Avec une acuité singulière, il dresse le portrait d'un esprit
unique, épousant tous les grands idéaux de son temps mais en leur infligeant le filtre de sa singularité nihiliste : «
La Liberté, à ses yeux, n'est que l'interdiction faite à toute personne d'être autre chose que ce qu'il veut, c'est dire rien. »
Sous la plume de Blanchot, le Sadisme n'est alors plus jouissance d'une violence infligée aux autres, mais expression de «
la solitude infinie de l'individu » dans un monde «
où les rapports des êtres, les formes générales de la vie et jusqu'au langage, out est déjà consommé dans la destruction universelle. » ; «
et désormais toutes les cruautés particulières ne sont plus destinées (…) qu'à apporter à l'Unique les agréables preuves de son existence au milieu de rien. »
Si, comme Bataille le souligne, plus qu'un regard novateur, la lecture de Sade par Blanchot révèle une communauté de pensée, c'est sans doute à travers la conclusion de cette première étude majeure que
Blanchot le solitaire témoigne le plus nettement de son attachement pour
Sade l'Unique :
«
Et alors, on en vient à le penser : si les circonstances ont fait de Sade un homme à jamais réduit à la misère d'une éternelle prison, lui-même a su faire de sa prison l'image de la solitude de l'univers sur lequel règne sa seule gloire à jamais toute-puissante. Cette prison ne le gêne pas, elle est son œuvre, elle est à la mesure du monde sur lequel il a plus de droits que Dieu même, car non seulement il y règne en maître, mais il en a banni et exclu toutes les créatures. Tel est l'avantage du Destructeur sur le Créateur. Cet athée est plus Dieu que Dieu. Aussi le nomme-t-on divin. »
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Réf : 48355
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