Maurice BLANCHOT
Lettre tapuscrite à Sartre
2 décembre 1960, 26,7x20,9cm, 5 feuillets in-4.
(Brouillon tapuscrit de lettre à Jean-Paul Sartre, avec des corrections autographes et avec une seconde version de la première page, et tapuscrit avec corrections autographes de « Le monde en question (Cours du monde) » (projet pour
La Revue internationale)
Ensemble de cinq feuillets tapuscrits, rectos seuls (à l'exception d'un feuillet recto-verso), avec des corrections au stylo bille rouge et au stylo bille noir de la main de Maurice Blanchot.
Cet important ensemble témoigne des échanges entre Maurice Blanchot et Jean-Paul Sartre autour de la fameuse « Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie » et du projet de publication qui en découla,
La Revue internationale. Connue sous le nom de « Manifeste des 121 », cette déclaration, signée par de nombreux intellectuels et artistes et publiée le 6 septembre 1960, avait été rédigée par Dionys Mascolo et Jean Schuster, aidés de Maurice Blanchot, dans la perspective du procès du réseau Jeanson (groupe de militants français soutenant le FNL) et dans le but d'informer l'opinion du mouvement de contestation contre la guerre d'Algérie et ses dérives anti-démocratiques. Parmi les signataires figurait, bien sûr, Sartre.
Le manifeste avait fait prendre conscience à nombre de personnalités du poids qu'elles pouvaient exercer dans le débat public, voire dans le cours de l'Histoire. C'est dans ce contexte qu'à l'automne 1960, Maurice Blanchot, Dionys Mascolo et Elio Vittorini décident de créer une revue non pas littéraire mais critique, dont le dessein serait de poursuivre cette action. Ils sollicitent l'aide de Jean-Paul Sartre, dont l'extraordinaire aura saurait profiter favorablement à la publication.
Dans sa lettre à Sartre, Blanchot tente de convaincre le philosophe de se joindre au projet :
« Vous m'avez rappelé ce que j'ai dû dire quelquefois et que j'ai toujours intimement pensé : que la Déclaration ne trouverait son vrai sens que si elle était le commencement de quelque chose. […] Je voudrais dire mon sentiment propre : je crois que si nous voulons représenter, comme il faut, sans équivoque, le changement dont nous avons les uns et les autres le pressentiment, si nous voulons le rendre plus réel et l'approfondir, dans sa présence mouvante, c'est seulement à partir d'un organe nouveau que nous pourrons le faire. A partir de là, si l'on voit Sartre, et d'autres avec lui parmi les 121, décider de s'exprimer en cette forme choisie délibérément comme nouvelle, chacun […] comprendra que vraiment nous entrons dans une nouvelle phase et que quelque chose de décisif a lieu qui cherche à s'affirmer. » Mais Sartre refusera de s'engager dans la revue.
Cependant, au cours des six premiers mois de l'année 1961, Blanchot se consacre corps et âme au projet, dans l'espoir qu'il se réalise. Le tapuscrit que l'on joint, « Le monde en question (Cours du monde) », révèle le sommaire qu'il imagine pour le premier numéro : des textes sur la déstalinisation, la situation de la presse allemande, le cloisonnement intellectuel en France et en Italie, la grève de la faim ou encore le mur de Berlin et l'utopie. La revue ne verra jamais le jour, au grand désespoir de Blanchot qui s'enthousiasmait profondément à l'idée d'une écriture collective et internationale.
La version définitive de la lettre de Blanchot à Sartre sera publiée dans le dossier consacré par la revue
Lignes au projet de
La Revue internationale (n° 11, septembre 1990).
Important témoignage sur les suites que souhaite donner Blanchot avec l'aide de Sartre à la « Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie ».
1 000 €
Réf : 48321
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