Georges BATAILLE
Lettre autographe signée à Denise Rollin : « Maintenant je n'aspire plus qu'à une chose c'est à vous prouver que je n'appartiens plus qu'à vous, que je suis rivé à vous […] »
S.n., s.l. s.d. [circa 1940-1943], 20,7x27 mm, 2 pages sur un feuillet.
Belle et longue lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, inédite, déchirée en cinq morceaux n'affectant pas la lecture, 34 lignes à l'encre noire sur un feuillet.
Fréquentant tous les deux les milieux intellectuels et artistiques parisiens, Georges Bataille et Denise Rollin se rencontrèrent au cours de l'année 1939. Elle fut notamment l'amie de Cocteau, Prévert et Breton. Bataille la décrivit ainsi dans ses carnets pour
Le Coupable : «
une illusion aussi fragile qui se dissiperait au moindre souci, au moindre relâchement de l'inattention. »
Il reste peu de détails sur leur relation car la vie privée de Georges Bataille, particulièrement à cette époque, n'est pas tant documentée. Il apparaît dans cette lettre les sentiments profonds que Denise Rollin provoquaient chez Bataille : «
Maintenant je n'aspire plus qu'à une chose c'est à vous prouver que je n'appartiens plus qu'à vous, que je suis rivé à vous […] » L'absolu de cet amour est tel que Bataille est prêt à tout : « […]
que vous le sachiez à tel point que si je ne devais plus avoir d'autre moyen qu'une profanation pour vous le prouver, je ferais devant vous cette profanation. »
Il se sent pourtant coupable : «
Je ne peux pas parler de l'état auquel je suis arrivé, je suis trop agité. Je sens, j'espère que c'est absurde. J'ai honte même de tant souffrir et de vous ennuyer avec ma souffrance quand vous seule êtes malade. » L'année précédente, il avait perdu sa compagne des suites de la tuberculose. Démuni devant la maladie, il admet : « […]
moi je ne peux pas vous guérir, je ne peux même pas vous soigner […] » Seule Denise Rollin serait capable de l'apaiser : «
Tout était noir auparavant […]
ce que je souffre et que vous pouvez si facilement guérir chaque fois que vous le voudrez […] ».
Abandonné aux affres de l'angoisse, Bataille admet : «
Je suis tellement fou en ce moment (et de cela je veux vous parler) que je ressens comme une complicité et une perfidie de tous pour me faire mal, comme si vous vous prêtiez au jeu pour que je sois encore plus désespéré […] » Au bord de la paranoïa, il supplie Rollin : «
La seule chose dont je veux vous supplier […]
, c'est de ne plus douter sans cesse de moi comme vous l'avez fait. » Il comprend pourtant : « […]
il y avait en moi et dans mon passé de quoi vous paraître insupportable […] » Il lui offre une solution : «
Ce qui m'apaiserait le plus si vous m'écriviez, ce serait que vous me disiez que vous me croyez, que vous voulez bien que je sois votre chose. »
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