Georges BATAILLE
Lettre autographe signée à Denise Rollin : « je songe à toi dans cette chambre et à tout ce qui arrivera là quand nous serons de nouveau ensemble. »
Paris s.d. [3 ou 4 juin 1940], 20,9x26,9 cm, 2 pages sur un feuillet.
Touchante lettre autographe signée de Georges Bataille à Denise Rollin, 37 lignes à la mine de plomb, petite mouillure en haut à droite, sans atteinte au texte.Georges Bataille tente de rassurer sa compagne Denise Rollin : «
Je t'en supplie. Il ne faut pas t'inquiéter, mais pas du tout. » Elle est partie s'installer à Vézelay où Bataille la rejoindra bientôt. Il est resté à Paris où les bombardements ne perturbent en rien la vie des parisiens : «
Tu n'imagines point à quel point les petits dégâts qu'on voit paraissent insignifiants à côté de la place intacte qu'il y a de tous les côtés. Pendant toute l'alerte, j'ai déjeuné bien tranquille avec mon chef de service de passage à Paris (il vit au front) » Bataille n'a pas renoncé à son emploi de bibliothécaire à la Bibliothèque nationale. Tuberculeux, il n'est pas envoyé au front et il en profitera pour rédiger plusieurs textes à cette époque tels que
Madame Edwarda ou
Le Coupable.
Plus loin, il évoque une visite : «
Un peu après, Henri Michaux est venu me voir » Les deux hommes avaient participé à la revue
Mesures et avaient en commun d'être à part de la nébuleuse surréaliste. Il se retrouve dans leurs œuvres respectives une violente indépendance et la même tension vers la spiritualité, une forme de mysticisme. Bataille avait fréquenté le séminaire dans sa jeunesse et Michaux a plaisamment dit de lui : « Il donne l'impression d'un séminariste sortant furtivement d'une pissotière. »
Après ces nouvelles presque triviales, Bataille se lance dans une analyse de ses sentiments : «
Ce que tu me dis dans ta lettre, c'est pour moi ce qui délivre, c'est comme la nudité, tout ce qui se déchire entre toi et moi. Mais, encore une fois, je ne me suis jamais senti aussi près de toi. » Il demande à sa correspondante : « i
l faut me dire tout. C'est très doux que j'aie vu où tu es, que je connaisse les chemins que tu prendras, les ponts par où tu passeras. » La sensualité n'est jamais loin du sentiment pour l'auteur : «
Dis-moi aussi quelle chambre tu as : pour que je songe à toi dans cette chambre et à tout ce qui arrivera là quand nous serons de nouveau ensemble. »
De cette sensualité, et des sensualités passées, il reste les fruits que sont les enfants. Denise Rollin est partie à Vézelay en compagnie de son fils Jean, surnommé Bepsy : «
Tu ne me dis rien de ta vie avec Bepsy [...] Bepsy est-il plus calme : moi aussi je l'ai entendu crier dans tes bras. » Bataille remercie Rollin : «
Pour Sylvia je t'ai une immense reconnaissance de m'avoir aidé à changer. » Sylvia Bataille fut la première épouse de Georges Bataille. Ils s'étaient séparés en 1934 mais ne divorceront qu'en 1946. De cette relation, pour l'auteur : «
Il ne reste que Laurence et la nécessité d'envisager les choses sans heurt » Laurence était la fille née de ce mariage en 1930. Elle rejoindra Bataille, Rollin et Bepsy en 1943 lorsque son père ira s'installer à Vézelay.
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