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Autographe, Edition Originale

Marcel PROUST Les plaisirs et les jours

Marcel PROUST

Les plaisirs et les jours

Calmann Lévy, Paris 1896, 20,5x30cm, relié.


Edition originale sur papier courant.
Reliure en plein veau havane, dos refait à cinq nerfs sertis de filets noirs, pièce de titre de maroquin bordeaux, plats comportant de petites taches et des traces d'éraflures, une grande éraflure au milieu et sur toute la largeur du premier plat, gardes et contreplats de papier à la cuve, encadrement d'une large dentelle dorée sur les contreplats, couvertures et dos conservés, tête dorée, filet doré sur les coupes, reliure de l'époque signée de Yseux.
Exceptionnel et sentimental envoi autographe deux fois signé de Marcel Proust couvrant l'intégralité du deuxième feuillet blanc : « À Jacques Truelle le romain, pour qui mon amitié est née dans les bois de Combray (après Ciro et le Meurice) et que ses trop longues expatriations ont seules refroidi par l'affaiblissement du souvenir inséparable des absences où le cœur humain n'a plus la force de faire renaître ce qu'il a aimé. Marcel Proust.
M. Souday trouverait avec raison que cette phrase n'est pas française, chose vraiment fâcheuse, adressée comme elle l'est à un jeune habitant du pays de Sylvie, lequel a le profil de la flèche de Senlis vue, dans le lointain bleu, au-delà des moissons de l'Ile de France, du perron de paliers. M. P. (feuilleton de M. Souday sur les Jeunes filles en fleurs) »
.
 
Le jeune Jacques Truelle (1891-1945), fils de bonne famille, diplomate et invalide de guerre, avait rencontré Marcel Proust en mars 1917. Celui-ci, ayant eu vent de son admiration pour Du côté de chez Swann et souffrant en ces années noires d'une solitude lourdement subie (séparé de ses amis par la guerre, la mort ou l'éloignement), l'avait invité chez Ciro's, restaurant parisien très à la mode et précisément cité par Proust dans l'envoi. Les deux hommes s'étaient immédiatement liés d'une amitié amoureuse dont l'intimité de la dédicace témoigne. Mais en mai 1918, nommé « attaché autorisé » à l'ambassade de Rome, Truelle fut contraint de quitter Paris et la compagnie de Proust ; ce qui lui valut d'être surnommé « le romain » par l'écrivain, très affecté, qui regrettait dans ce départ « l'affaiblissement du souvenir inséparable des absences où le cœur humain n'a plus la force de faire renaître ce qu'il a aimé ».
Dans l'envoi, Proust évoque également Sylvie de Gérard de Nerval – « Jamais livre ne m'a autant ému » confiait-il à Truelle (voir TRUELLE J., « Marcel Proust, juge de ses personnages », Nouvelle revue française, t.XX, 1923) - et ses descriptions de paysages d'Ile-de-France, dont les panoramas rappellent à Proust son jeune ami.
L'allusion ironique à l'article de Paul Souday sur A l'ombre des jeunes filles en fleurs, paru dans Le Temps le 18 décembre 1919 et qui reprochait à Marcel Proust son manque de respect « de la correction grammaticale », permet de dater l'envoi des derniers jours de 1919 ou du début de l'année suivante.
Très précieux exemplaire, avec une superbe dédicace de dix-huit lignes sur le thème éminemment proustien du temps perdu et de sa nostalgie.
 

VENDU

Réf : 52767

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