Victor HUGO
Les misérables
Pagnerre, Paris 1862, 10 tomes en 10 Vol. in-8 (14,5x23,5cm), reliés.
Edition originale parisienne. Exemplaire composite, illustrant parfaitement la stratégie commerciale de l'éditeur qui divisa la parution en 3 dates (les deux premiers le 3 avril, les quatre suivant le 15 mai, et les quatre derniers le 30 juin), et l'histoire du succès phénoménal du plus important roman du XIXe qui obligea les éditeurs à de multiples retirages, mons de 10 jours après la sortie de chaque partie. Ainsi les six premiers volumes présentent une mention de huitième édition tandis que les 4 derniers, soit les tomes 7 à 10 sont sans mention aucune.
Cette composition résulte d'un achat de l'oeuvre entière au moment de la sortie des derniers volumes, qui sont donc en Edition originale, tandis que le premiers sont constitués de retirages immédiats. Seuls les exemplaires ayant été acquis chacun à la date de sortie sont donc entièrement sans mention.
Reliure en demi chagrin maroquinée rouge d'époque. Dos à nerfs orné de filets gras et maigres, dorés et à froid. Ensemble bien frais, exempt de rousseurs. Quelques coins émoussés, les autres frottés. Belle série agréablement reliée.
Afin de faire un point sur les divers jugements des bibliographes : Alors que Vicaire signale que l'édition française est la véritable originale, Clouzot affirmant que les deux sont originales, on doit préciser que l'édition belge est parue trois jours avant (le 31 mars pour Bruxelles et le 3 avril pour Paris), mais la vérité ne tient pas à une histoire de date. Lacroix est l'éditeur de Hugo, Pagnerre n'en est que le dépositaire à Paris, ce qui explique la présence du nom de Lacroix derrière le faux-titre, conjointement à celui de Lacroix. On sait en outre que L'oeuvre devait paraître dans toutes les grandes capitales en même temps, ce qui arriva à quelques jours près. Pour la question des mentions, cela est vraisemblablement assez simple : pour des raisons commerciales de coût on a procédé à un seul tirage, certains avec des mentions, d'autres pas, afin de les distribuer au cours de l'année comme si chaque fois, il s'agissait de nouvelles éditions. On comprend Clouzot disant qu'une édition sans mention est plus désirable, car elle parait avoir été antérieure, mais dans les faits, et pour vendre, quand les pages de titre sans mention ont été épuisées on a vendu dans le désordre ces pages de titres avec mention ou non, et on a composé très souvent des exemplaires portant différentes mentions (la composition de notre exemplaire le montre bien, sans mention et huitième pour les 6 premiers), il est cependant vrai que les exemplaires sans mention furent les premiers mis en vente, et que les éditions avec mention possèdent des pages de titre en rouge et noir, pour les faire paraître comme des nouvelles éditions.