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Autographe, Edition Originale

Jean COCTEAU La danse de Sophocle

8 000 €

Réf : 45274

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Jean COCTEAU

La danse de Sophocle

Mercure de France, Paris 1912, 15x19cm, relié.


Édition originale, un des 7 exemplaires numérotés sur Hollande, seuls grands papiers, le nôtre portant le n°1 et spécialement imprimé pour la mère de Jean Cocteau.
Reliure à la bradel en plein vélin, dos lisse, date dorée en queue, pièce de titre de chagrin brun, gardes et contreplats de papier à la cuve, couvertures et dos conservés, tête rouge, reliure de l'époque signée de Dupré. Légères piqûres affectant principalement les marges de certains feuillets.
 
Émouvant et exceptionnel envoi autographe daté et signé de Jean Cocteau à sa mère, en latin, qui reprend l'un des vers des Bucoliques de Virgile:
«Incipe, parve puer: cui non risere parentes, nec deus hunc mensa, dea nec dignita cubili est. / Virgile. / Jean» dont voici la traduction française: «Enfant, reconnais-la: le fils à qui ses parents n'ont point souri n'est digne ni d'approcher de la table d'un dieu, ni d'être admis au lit d'une déesse.»
 
Exemplaire unique.
Lorsqu'il publie ce troisième recueil de poésie, Cocteau, jeune prodige de vingt-trois ans, est adulé par les cercles artistiques et littéraires. Intime de Proust, ami de Jacques-émile Blanche, fidèle de Nijinski et Diaghilev et disciple d'Anna de Noailles, son ambition est de réunir dans sa personne tous les talents qui l'entourent.
La Danse de Sophocle, référence à la danse que « le jeune et divin Sophocle » exécuta nu dans Athènes, après la victoire navale de Salamine, reflète l'ambition et l'exaltation du jeune Cocteau : romancier, peintre, danseur, poète, il se sent véritablement « digne d'approcher la table [des] dieu[x] ».
« à égalité avec les meilleurs artistes, il était un truchement entre Dieu et la Terre. » Dans sa biographie, Claude Arnaud consacre un chapitre (« Le dieu vivant ») à la psychologie du poète à cette époque : « Il était un fragment détaché du créateur. L'un des organes terrestres par lesquels cet Être en évolution délibérait, et finalement tranchait, afin d'améliorer sa création. »
Ainsi, c'est un Cocteau affranchi de ses illustres modèles et assumant pleinement sa divinité artistique qui se dévoile dans ce recueil extatique à l'instar du poème éponyme :
Grâce à vous, cher orgueil, je portais                            [l'auréole
Offerte par le Dieu charmant de la                                [parole, [...]
Grâce à vous, j'ai connu les                                            [frénétiques luttes
Où la plume et la feuille et le morne                             [encrier
Sont les liens des vers que l'on                                       [voudrait crier,
Que l'on voudrait hurler, chanter,                                 [soupirer, rire, [...]
Et qu'il faut, lorsqu'ils sont en nous et                                          [qu'on le sent,
Les laisser ruisseler comme un                                      [superbe sang.
La dédicace à sa mère, sur le premier exemplaire des sept rares grands papiers, témoigne du seul véritable ascendant de Cocteau : Eugénie Cocteau. Mère sacralisée par son fils, elle influa profondément sur la vie du poète comme sur son œuvre, marquée par l'omniprésence de la figure oedipienne. Claude Arnaud décrit longuement cet « élan filial doublé d'une attention quasi amoureuse [...] : il n'y a que mon amour pour toi qui m'accroche à quelque chose de vrai, le reste me semble un mauvais rêve. »
On ne peut d'ailleurs manquer de voir dans le choix de la citation de Virgile cette ambiguïté incestueuse qui lie Cocteau à sa mère.
Une des provenances les plus désirables pour cet exemplaire de toute rareté.

 



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