Jean de BOURDIGNE
Hystoire agregative des annalles et cronicques danjou
Chez Galliot du Pré, à Paris 1529, in-folio (21x31,5cm), (4f.) 207ff. (1f.), relié.
Rarissime édition originale comportant une gravure pleine page au verso du feuillet a
iiii montrant une scène où l'auteur, agenouillé, offre son ouvrage à Louise de Savoie, mère de François I
er, en présence d'une importante assemblée. Page de titre en rouge et noir, texte entièrement réglé établi sur 49 lignes.
Reliure en demi basane brune, dos à six nerfs sertis de filets dorés, caissons soulignés de filets estampés à froid, roulette dorée et double filet doré en queue, plats de papier brun à la colle, toutes tranches mouchetées de rouge. Très petit trou de ver sur les derniers cahiers affectant sans gravité le texte par endroits, mouillure dans l'angle supérieur droit sur l'ensemble de l'ouvrage, petites taches jaunes n'affectant pas le texte au verso du feuillet vii.
Ex-libris manuscrit à l'encre dans la partie inférieure de la page de titre, indiquant « du couvent des ff. Minimes de Paris ». Quelques annotations manuscrites de l'époque, ainsi que plusieurs manicules marginales.
Première histoire recensée du duché d'Anjou, cet ouvrage est placé sous le patronage de Louise de Savoie qui en fut la duchesse. Le frontispice, essentiellement centré sur des figures féminines, les montre comme de véritables icônes, des allégories du Savoir et de la Sagesse. Aux côtés de Louise de Savoie, deux autres femmes dominent la foule : Judith à gauche et Esther à droite. Ensemble, elles forment une nouvelle trinité unie sous la devise du
Livre des Proverbes, « la femme sage édifie une maison ».
En surnommant en outre Louise de Savoie « Pallas », du nom de la déesse grecque de la Connaissance, Jehan de Bourdigné inaugure une histoire d'Anjou construite selon deux axes : l'importance du travail des historiens et la place de cet ouvrage dans une historiographie oscillant entre matière médiévale et matière renaissante.
Bourdigné s'érige ainsi en véritable défenseur des historiens et de leur travail et les présente comme les « vaillants et belliqueux chevaliers qui pour renommée bataillent continuellement contre la mort et font tant par leur prouesse que renommée obtient victoire ». À une époque où l'histoire fait partie des belles-lettres et n'est pas véritablement reconnue comme une discipline indépendante, il est remarquable que les historiens soient ainsi considérés. La somme de Bourdigné est riche en détails et apte à éveiller l'intérêt du lecteur. Il est notable de constater qu'il emprunte à la manière historienne du Moyen-Âge en proposant un récit sous forme de chroniques : riche en détails romanesques, à la précision historique parfois délaissée mais faisant néanmoins preuve d'une véritable érudition.
En effet, il explique dans le prologue que sa décision d'écrire des annales et des chroniques n'est pas anodine, ce biais permettant selon lui d'« avoir expérience des cas advenus au temps passé comme si nous avions été présent quand ils avaient produit leur effet ». Ce livre joue ainsi un rôle charnière dans l'historiographie angevine et plus largement gallicane en liant deux manières historiennes : celle médiévale représentée par les chroniques et celle qui naît à la Renaissance, issue d'une logique humaniste prônant un récit plus linéaire et moins enclin à la subjectivité.
Somme sur l'histoire angevine mais aussi, plus généralement, sur l'histoire gallicane, cet ouvrage est célébré par Bertoldi dans ses
Angevins célèbres pour ses « maints précieux détails » dont Bourdigné se fait le « témoin oculaire ».
Très rare édition originale de la toute première histoire du duché d'Anjou.
4 500 €
Réf : 56658
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