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Maurice BLANCHOT Romans nouveaux. Manuscrit autographe et tapuscrit complets

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Maurice BLANCHOT

Romans nouveaux. Manuscrit autographe et tapuscrit complets

S.n. [Journal des débats], s.l. [Paris] s.d. (1942), 13,5x21,5cm & 4 pages in-4, 4 1/2 pages in-8.


Manuscrit autographe de l’auteur de 4 pages et demie in-8 publié dans le numéro du 23 décembre 1942 du Journal des Débats.
Manuscrit recto-verso complet, à l’écriture très dense, comportant de nombreux ratures, corrections et ajouts.
On joint le tapuscrit complet.
Chronique parue à l’occasion de la publication de quatre nouveaux romans : Les Hommes forts  de Georges Magnane, Le Vent se lève  de Marius Grout, Clément de Maurice Toesca et Si le ciel tombe de Roger de Lafforest.
 
En cette fin d’année 1942, Maurice Blanchot rend compte de l’actualité littéraire et fait la critique – sans concession - de quatre romans signés Georges Magnane, Marius Grout (Prix Goncourt en 1943), Maurice Toesca et Roger de Lafforest : « On voit qu’à ces quatre ouvrages, la monotonie des moyens, l’élusion du temps, la sobriété du ton et surtout le caractère théorique du thème principal donnent l’apparence d’un conte, d’une longue nouvelle qui se montre ou qui se cache sous la figure d’un roman. M. Georges Magnane n’a pu faire que son livre ne paraisse peu de chose au regard des descriptions sportives dont il l’a enrichi : l’histoire qu’il raconte ne s’impose pas ; elle reste vide ; elle s’efface. De même, chez M. Toesca et M. de Lafforest, il y a comme une absence d’âme qui rend inutile le jeu intellectuel dont ils ont soigneusement tendu les fils. L’esprit ne retient que l’intention qui, comme telle, lui paraît assez insignifiante ; à quoi bon un livre, si l’art ne se rend pas inséparable de la pensée par le style dont il la marque ? Il y a plus de secret dans le récit de M. Marius Grout, et c’est ce poids lourd, ce silence grave, ce plus indiscernable qui, malgré toutes les explications que l’auteur a cru bon nous donner, s’ajoutent à son œuvre comme la vérité qui ne peut être dite et l’empêchent de n’être plus rien, lorsque le lecteur en a découvert la conclusion. »

Entre avril 1941 et août 1944, Maurice Blanchot publia dans la "Chronique de la vie intellectuelle" du Journal des Débats 173 articles sur les livres récemment parus.
Dans une demi-page de journal (soit environ sept pages in-8), le jeune auteur de "Thomas l'obscur" fait ses premiers pas dans le domaine de la critique littéraire et inaugure ainsi une oeuvre théorique qu'il développera plus tard dans ces nombreux essais, de "La Part du feu" à "L'Entretien infini" et "L'Écriture du désastre".
Dès les premiers articles, Blanchot fait preuve d'une acuité d'analyse dépassant largement l'actualité littéraire qui en motive l'écriture. Oscillant entre classiques et modernes, écrivains de premier ordre et romanciers mineurs, il pose, dans ses chroniques, les fondements d'une pensée critique qui marquera la seconde partie du XXe.
Transformé par l'écriture et par la guerre, Blanchot rompt, au fil d'une pensée exercée "au nom de l'autre", avec les violentes certitudes maurassiennes de sa jeunesse.
Non sans paradoxe, il transforme alors la critique littéraire en acte philosophique de résistance intellectuelle à la barbarie au c?ur même d'un journal "ouvertement maréchaliste": "Brûler un livre, en écrire, sont les deux actes entre lesquels la culture inscrit ses oscillations contraires" (Le Livre, In Journal des Débats, 20 janvier 1943).
En 2007, les Cahiers de la NRF réunissent sous la direction de Christophe Bident toutes les chroniques littéraires non encore publiées en volumes avec cette pertinente analyse du travail critique de Blanchot : "romans, poèmes, essais donnent lieu à une réflexion singulière, toujours plus sûre de sa propre rhétorique, livrée davantage à l'écho de l'impossible ou aux sirènes de la disparition. (...) Non sans contradictions ni pas de côté, et dans la certitude fiévreuse d'une ?uvre qui commence (...) ces articles révèlent la généalogie d'un critique qui a transformé l'occasion de la chronique en nécessité de la pensée." (C. Bident).
Les manuscrits autographes de Maurice Blanchot sont d'une grande rareté.

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