Jules BARBEY D'AUREVILLY
Du dandysme et de G. Brummell
B. Mancel, Caen 1845, 11,5x15cm, relié.
Édition originale, un des rarissimes exemplaires sur Hollande fort, seuls grands papiers avec quelques exemplaires sur papier de couleur.
Reliure en demi chagrin noir, dos à quatre nerfs orné de filets noirs, plats de cartonnage noir, coins légèrement émoussés, reliure de l'époque.
Envoi autographe signé de Trébutien à Georges Lesnard. Quelques petites rousseurs sur les gardes.
Dans les Annales de Normandie, Jean-Luc Piré analysant la collaboration entre Barbey et Trébutien consacre un paragraphe au Dandysme qui met l'accent sur l'importante participation de Trébutien à ce petit ouvrage, parmi les plus rares et recherchés de Barbey :
« On connait la monumentale correspondance que Barbey entretint « dominicalement » avec son ami durant vingt-six ans. […] La présence de Trébutien est quasi constante dans l'univers aurevillien. Le « Sagittaire » n'avait pas l'enseigne menteuse lorsqu'il annonçait à son correspondant : « Votre nom, entrelacé dans le mien, — est aussi connu que mon nom […]. Qui dit d'Aurevilly dit Trébutien. »
Au cœur même du Dandysme, Barbey rend hommage à son éditeur et ami : « Je demande aux trente ou quarante personnes qui me liront la permission de leur présenter M. Trébutien comme un ami qui vaut mieux que moi et dont l'imagination et la science – séparées souvent, mais unies en lui – n'ont pas besoin de l'amitié pour être appréciées pour ce qu'elles valent. »
L'histoire du Dandysme, plus que toute autre œuvre de Barbey est liée à son éditeur, ami et collaborateur actif. D'abord envisagé sous la forme d'un simple article sur Brummell mort trois ans plus tôt, Du Dandysme va devenir un livre grâce aux nombreux documents fournis par Trébutien qui servit de documentaliste à Barbey : « à propos de Brummell, j'ai suivi littéralement tous vos conseils. J'ai lu tout ce que vous m'aviez indiqué ». Après avoir essuyé deux refus de publication dans la Revue des Deux Mondes et le Journal des Débats, d'Aurevilly donne le feu vert à Trébutien pour l'impression. Barbey va prendre à cœur cette édition : l'échange des épreuves et des corrections est incessant ; en octobre, il décide d'adjoindre des notes à l'ouvrage. La collaboration de Trébutien acquiert une signification particulière : « Vous m'avez fait réaimer le Brummell. Sans vous, je l'aurais jeté au feu pour le récompenser des déceptions dont il a été la cause […]. Vous m'avez fait y reprendre goût, et voilà que maintenant poussé par vous, entraîné par vous, j'arrive au culte du détail, au pointillé, à la hachure inquiète, à toutes ces corrections qui font le fini et dont je n'ai pas la puissance, moi, qui suis un homme de premier jet, un brutal et rapide artiste, animalisé par les passions ! »
Lorsqu'en 1850 Trébutien se propose de publier les Prophètes du Passé, Barbey acquiesce en ces termes : « Nous corrigerons les épreuves comme celles du Brummell, n'est-ce pas, mon ami ? J'aime cette manière de travailler. Elle est fécondante. Une pensée, une note, une modification quelconque me vient, et je vous l'envoie ».
Si l'édition originale renforce l'amitié du poète et de son éditeur, J-L. Piré note que la réédition sera au contraire sujet de discorde : Barbey avait proposé à son ami, le 2 juillet 1858, de faire réimprimer le Brummell chez Poulet-Malassis : « si vous m'autorisez à traiter avec le Poulet au citron. Nous partagerons en frères, ce qu'il donnera du Brummell et de sa réimpression ». Or Trébutien abhorre Poulet-Malassis : « un socialiste de la pire espèce […], il fut rédacteur d'un des journaux les plus ignobles de l'époque […]. Il a fondé à Paris une librairie où il réédite toutes les impuretés et les impiétés du XVIIIè siècle ». (Piré Jean-Luc in Hors-série des Annales de Normandie. G.-S. Trébutien [Préface par J.-Cl. Polet ] 1985. pp. 3-198.)
Exceptionnel exemplaire imprimé sur grand papier de Hollande dans une stricte reliure de l'époque.
7 000 €
Réf : 43067
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