Honoré de BALZAC
Scènes de la vie privée
Imprimerie de Madame-Delaunay, Paris 1832, 13x20,5cm, 4 volumes reliés.
Edition en grande partie originale, les deux derniers volumes contiennent en édition originale : "Le Conseil", "La Bourse", "Le Devoir d'une femme", "Les Célibataires", "Le début de la Femme de trente ans", "Le Rendez-vous", "Le Doigt de Dieu", "Les deux rencontres", "L'expiation" (cinq chapitres qui, sans lien entre eux, forment le premier jet de la Femme de trente ans).
Reliures en demi basane marine, dos à quatre faux nerfs ornés de pointillés et fleurons dorés, plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier à la cuve, tranches mouchetées, reliures légèrement postérieures datant de la seconde partie du XIXème.
Ex-donos à la plume en têtes des gardes des deux premiers volumes.
Une déchirure sans manque en marge intérieur du second feuillet du premier volume, quelques rousseurs affectant principalement le dernier volume.
Très rare et énigmatique envoi autographe signé d'Honoré de Balzac : à Le Duc, l'auteur, de Balzac."Des ratures autographes sur le titre de civilité et le nom du dédicataire indiquent que Balzac a repris son envoi.
Ainsi l'auteur adresse dans un premier temps son ouvrage à « Monsieur Delmar », banquier allemand et beau-frère de Mme Couturier de Saint-Clair (chez qui Balzac lira sa pièce
L'Ecole des Ménages en mars 1839), avant de biffer son nom, dans un geste révélateur de ses rapports houleux avec le monde de la Finance et ses représentants.
L'auteur dédicace ensuite son livre « à Le Duc », sans autre mention, indiquant une réelle familiarité avec ce dédicataire qui ne figure pourtant dans aucune des biographies de Balzac.
Il pourrait donc s'agir du personnage "Le Duc" de la pièce
Vautrin interprété par Jemma au Théâtre de la Porte-Saint-Martin en 1840, avant que la pièce, écrite dans l'espoir de rembourser les dettes de Balzac, ne soit interdite.
Il ne serait guère surprenant que Balzac, qui affectionnait les surnoms, ait ainsi dédicacé ces
Scènes de la vie privée - dont une nouvelle originale relate une histoire d'argent pervertissant le jugement d'un artiste - à l'un des acteurs malheureux qui subit avec lui les foudres de la critiques et de la censure.
Avec cette dédicace palimpseste, Balzac semble ainsi affirmer la suprématie de l'art sur les vaines vélléités financières.