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Maurice BLANCHOT Le Mythe d'Ulysse, tapuscrit inédit

Maurice BLANCHOT

Le Mythe d'Ulysse, tapuscrit inédit

S.n., s.l. s.d. (circa 1936), 49 feuillets A4 (21x26,5cm), en feuilles.


Document unique complet de 49 feuillets A4,dont 47 ronéotypés et 2 tapuscrits (soit 1 page de titre et 48 feuillets numérotés 1 à 47 dont une page 9 bis, les pages 19 et 46 sont tapuscrites), intitulé : Le Mythe d'Ulysse et comportant de très rares corrections manuscrites. Un léger manque en marge supérieure de la page de titre, et une trace de trombone en tête des pages, quelques pliures marginales.
Exceptionnel tapuscrit de la première fiction de Maurice Blanchot, véritable « matrice » de Thomas le Solitaire et Thomas l'Obscur.
Lorsqu'en 1941 paraît le premier roman de Maurice Blanchot, le jeune écrivain avait déjà achevé deux nouvelles qui ne paraîtront qu'en 1947, mais qui furent, selon ses dires, composées durant l'écriture de Thomas l'Obscur : Le Dernier Mot et L'Idylle.
Si l'on soupçonnait depuis longtemps l'existence d'un texte antérieur à ces écrits et que l'on croyait perdu, ce n'est que très récemment que l'on découvrit l'existence du mythique premier roman intitulé Thomas le Solitaire, dont nous proposions en 2016 les manuscrit et tapuscrit originaux. Bien que très différent de la version qui sera publiée, Thomas le Solitaire apparaît cependant par son héros, par la trame générale de son histoire et par des pans entiers de sa narration, comme la version primitive de Thomas l'Obscur. Ce premier Thomas devenait ainsi à quelques rarissimes documents près la plus ancienne trace écrite de Maurice Blanchot.
Pourtant, dans les archives de la fratrie, se trouvait aux côtés des manuscrits des deux Thomas un ronéotype non signé, intitulé Le Mythe d'Ulysse. Clairement contemporaine des deux romans (même papier, mêmes ratures tapuscrites sous forme de petites croix, même trace de trombone rouillé) cette nouvelle de 47 pages, se révèle, à la lecture, l'évidente origine fictionnelle de Thomas.
S'inspirant d'Homère, ce récit met en scène le séjour d'Ulysse sur l'île de Calypso, tout juste évoqué dans L'Odyssée qui, relatant l'arrivée et le départ d'Ulysse de l'île, fait cependant l'économie des sept années passées par le héros chez la nymphe. Maurice Blanchot s'empare de la tristesse du héros décrite dans le chant V pour inventer une histoire d'amour entre la nymphe et le marin alimentée par les récits merveilleux de l'amant qui, pour sa part, sombre dans une mélancolie causée par le constat de la fragilité humaine et le désir d'atteindre à l'immortalité.
Ainsi, à partir d'une histoire d'apparence radicalement différente, Maurice Blanchot aborde dans cette nouvelle les principaux thèmes de Thomas dont ce que nous nommerons la désincarnation du récit entraînant une relation à la mort entendue comme forme de vie pure sans l'obstacle du corps.
Cette nécessité de soustraire la pensée aux limites du corps, si elle parcourt tout le roman publié, prend sa source dans ce récit mythologique à travers le désir d'Ulysse :
« Je me sens faible et si borné, et cependant si curieux de tout ; à chacun de mes pas, je m'arrête et trouve fermé à moi-même, ne voyant clair que pour surprendre le désir d'aller plus loin et pour faire un pas encore qui me ramène au même lieu sans issue et au même désir. […] Les dieux […] m'ont enfermé dans un cercle si étroit que [je] le remplis tout entier et que seuls quelques sots y ont place ; là, j'ai reçu d'eux mille pouvoirs étincelants, les droits purs que rien n'offense et ne circonscrit, plus assurés de leur exercice même, mais dans ce lieu, ils ne sont pour moi qu'une incompréhensible dérision, mon art borné à soi-même s'y détruit et devient artifice et demain il y prendra un mortel aspect de déraison. C'est à lui qu'il faut m'arracher ou à ce cercle ; bête ou sage, non plus selon l'apparence dérisoire, mais l'incorruptible vérité, je ne pourrai avoir de repos qu'à ce prix. » (Le Mythe d'Ulysse p. 15-16)
Ce qui est, au départ, un malaise imprécis (et incompris par la nymphe), prend forme au fil de la nouvelle : « même subtile, une enveloppe est une entrave pour l'esprit curieux » (M.U. p. 37), devient désir : « comment as-tu pu espérer, Calypso, mon bonheur, tant que j'en devrais le partage avec ce corps inerte » (M.U. p. 37), et crainte : « Il enviait moins les esprits déchargés par leur pureté de toute matière, et il craignait cette sensation étonnante d'une pensée n'ayant plus la conduite de son corps. » (M.U. p. 38)
étonnamment, le souhait d'Ulysse demeure un échec, malgré la nature même du récit qui permet l'intrusion du fantastique et en dépit de l'intervention du dieu Protée, véritable source mythologique de cette réflexion Blanchotienne. « Protée : […] Je ne me suis pas engagé dans ce corp [sic], il ne connait point ma profondeur, j'y viens en luttant, en me buttant au travers, comme un oiseau de nuit dans le jour ; j'y nais, j'y meurs, tout ensemble. » (M.U. p. 34)
Ainsi, ce qui, dans le monde mythique d'Ulysse et Calypso, reste à l'état de désir : « ne plus le sentir à la fois vivant et mort près de moi, cela aussi serait une joie » (M.U. p. 33) s'accomplit dans le monde commun d'Anne et Thomas dotés jusque dans la version de 1950 de tous les pouvoirs de la nymphe immortelle et du dieu protéiforme :
« Il était réellement mort et en même temps repoussé de la réalité de la mort. » (in Thomas l'Obscur, 1950, Gallimard, p. 40)
« Elle changeait sans cesser d'être Anne. […] Il la vit venir comme une araignée […] dernière descendante d'une race fabuleuse. Elle marchait avec les huit énormes pattes comme sur deux jambes fines. » (T.O., 1950, p. 46-47)
Véritable « matrice » thématique de Thomas, Le Mythe d'Ulysse donne naissance à quelques questions fondamentales développées dans Thomas comme dans toute l'œuvre de Blanchot : le rêve, qui ouvre le récit et le contient symboliquement : « Il courait […] chez une immortelle […]. Un mécanisme redoutable […] l'enchaînait […]. Alors […] il se heurtait au corps immortel, froid comme le marbre d'une statue. » (M.U. p. 2)
L'immobilité, comme suprématie impuissante : « Tu verrais la faiblesse des Dieux et leur fragilité. […] Zeus, le plus grand des Dieux, devrait te le céder, car la nécessité immobile, le destin muet qui le contraignent, à peine pèseraient-ils sur toi. » (M.U. p. 9 bis)
La tranquillité, en tant qu'accomplissement autant qu'anéantissement du désir. Ainsi d'Ulysse mélancolique se persuadant lui-même de la plénitude de son bonheur tranquille dont il ressent la vanité : « Il revenait au jour et demeurait longtemps sans bouger, ne regardant point la mer, […] O compagnon, finissait-il par dire, rends grâce aux dieux, ils ne t'ont pas privé d'être heureux ; la flamme pure de ton foyer éclaire le visage d'un homme tranquille. Demain t'es assuré, tu ne le souhaites point autre qu'aujourd'hui et tes vœux médiocres te portent plus haut que les plus sublimes désirs. » (M.U. p. 12-13)
Bien des années plus tard, sur un rivage similaire, Thomas, le « frère jumeau » (Te'oma en araméen) d'Ulysse reformulera à son tour l'effrayante vanité de cette liberté suprême : « Il resta longtemps à regarder et à attendre. Il y avait dans cette contemplation quelque chose de douloureux qui était comme la manifestation d'une liberté trop grande, d'une liberté obtenue par la rupture de tous les liens. » (T.O., 1941)
La nuit, le silence, le regard, la lumière, le temps, tous ces thèmes, chers à l'écrivain, émergent du récit mythique, se mêlent et se répètent au fil du conte à la recherche de leur expression exacte qui déjà semble se réaliser dans le paradoxe :
 « Tous […] mêlaient l'eau à la flamme, poursuivaient les images alternées de l'ombre et de la lumière. » (M.U. p. 25)
 « L'eau ayant secoué la terre, sembla vouloir la joindre au ciel et les tenir mêlés par un seul effort. » (M.U. p. 38)
« Au milieu de ce silence qui était tombé de la nue, comme la nuit, prompte des cieux d'automne. » (M.U. p. 20)
 « La grâce périlleuse d'un corps que son origine menace sans cesse et qui se joue dans cette matière pesante comme en des voiles légers. » (M.U. p. 11)
« L'avenir plus prochain que l'instant. » (M.U.)
Première fiction de l'un des plus complexes écrivains du XXème siècle, Le Mythe d'Ulysse sème les graines des thèmes qui nourriront l'écriture de Blanchot jusqu'à L'Instant de ma mort.
D'aucuns jugeraient la ressemblance entre Ulysse et Thomas à l'aune de celle unissant tous les écrits de Blanchot.
Pourtant, comme Athéna sortie toute armée du crâne de son père, Thomas partage bien plus avec Ulysse que leur commun géniteur. Au-delà des thématiques exposées, les deux récits, sous des apparences radicalement opposées, présentent des similitudes narratives qui témoignent de leur filiation directe : face à la mer au début de chacun des récits, les deux héros vont tous les deux entrer dans l'eau et nager sans que cette action ait pour l'un ou pour l'autre une légitimité narrative. En effet cette scène initiale hautement symbolique est dépourvue de suite, puisque les deux héros sortent très vite de l'eau pour y revenir cependant à la fin de chaque histoire.
Dans ces premières lignes de chaque récit, les ressemblances sont nombreuses :
M.U. : « Abandonnant aux vagues son corps comme un corps sans vie. » T.O. : « La vraie mer où il était comme noyé. » Ou, plus loin « il fut submergé et son état d'âme ressembla a celui d'un être qui se serait noyé amèrement en soi ». M.U. : « Il courut se jeter dans l'eau qui bouillonnait encore de ses dernières colères. » T.O. : « L'eau tourna autour de lui en tourbillon. » M.U. : « Ses membres raidis lui paraissaient chaque instant peser plus lourdement dans l'eau. » T.O. : « Un froid très vif […] paralysa ses bras qui lui semblèrent lourds et étrangers. »
Les mêmes similitudes apparaissent encore nettement lorsque chacun des héros s'engouffre dans la forêt.
Ainsi à l'errance impuissante d'Ulysse – « Se glissant à l'intérieur du lieu [la forêt], Ulysse commença à y errer, mais le labyrinthe lui-même, offrait plus d'ordre que cette solitude où chaque pas semblait se recommencer et ne portait pas plus avant, une clarté dérobée dessinait le contour des choses, sans parvenir à dégager l'horizon et trompait par de fausses ombres » – répondent les hésitations de Thomas qui, jusque dans la version de 1950, rencontre encore dans la forêt le même empêchement :
« De tous côtés la route lui était barrée, partout un mur infranchissable […] ce qui le dominait, c'est le sentiment d'être poussé en avant par le refus d'avancer. […] sans doute son avance était-elle plus apparente que réelle, car, ce nouveau lieu ne se distinguant pas de l'ancien, […] c'était en quelque sorte le même lieu d'où il s'éloignait par la terreur de s'en éloigner. […] la nuit submergeait tout, il n'y avait aucun espoir d'en traverser les ombres… »
Cette persistance d'éléments narratifs à travers les récits et versions dont on pourrait multiplier les exemples (nous n'avons comparé que les premières pages des récits !), constitue un indice de l'importance structurelle de cette fiction primitive comme « racine » du roman à venir.
Il semble pourtant que Maurice Blanchot ait effacé toute trace lisible de cette filiation dans les différentes versions imprimées et, sauf erreur, il serait vain de chercher une référence claire à L'Odyssée ou aux personnages de la mythologie grecque dans les versions publiées de Thomas.
Cependant, si l'on se réfère aux premières pages du manuscrit de Thomas l'Obscur, la relation entre Thomas et Ulysse est immédiate et très précise :
O.M., p. 1, l. 12 : « Toujours étendu sur le sable, il commençait avec une absence de corps dans une absence de mer un voyage interminable. Traversée sans écueil et sans naufrage. Nulle lassitude ne pouvait le rappeler à lui. Il glissait dans le vide, attiré irrésistiblement par la fuite du rivage. Il était appelé sans fin par sa chute. »
Cette véritable mise en abyme de L'Odyssée est enrichie de références encore plus explicites dans les premières pages du manuscrit de Thomas le Solitaire :
« Après s'être enfanté lui-même à quelque Dieu marin, à quelque merveilleuse sirène, il revenait lentement à la marche embarrassée des hommes. » (Thomas le Solitaire, p. 1)
Ces mêmes sirènes qui, dans la nouvelle, ne sont « impitoyables qu'aux corps grossiers, aux esprits incultes » ont en charge avec leurs promesses intellectuelles, la première formulation de la tentation/tentative de dépassement de la condition humaine proposée au héros.
Maurice Blanchot aurait ainsi effacé de réécriture en réécriture la fiction primitive tout en accomplissant paradoxalement, à travers le personnage « commun » de Thomas, la quête infructueuse du héros « mythologique ».
Pourtant, il reste un élément qui, malgré toutes les mutations qu'a subi le roman de Blanchot, est demeuré intact de manuscrits en tapuscrits puis dans les deux versions publiées ; une proposition simple et prosaïque qui ne se justifie sous cette forme ni par sa fonction narrative, ni par sa qualité esthétique ; une phrase commune et pourtant offerte systématiquement au premier regard du lecteur. C'est l'incipit de Thomas le Solitaire et de Thomas l'Obscur version 1941 et version 1950 : « Thomas s'assit et regarda la mer. »
Cette action qui, on le sait, est associée à un échec : « bien que la brume l'empêchât de voir très loin » génère un « retour sur soi » qui provoque le récit.
Or Maurice Blanchot, bien qu'il ne l'ait pas placée en tête de son premier récit, ponctue son Mythe d'Ulysse de cette action immobile et répétée soumise au même empêchement. Nous en avons relevé quelques exemples :
« Ils […] s'asseyaient sur un rocher et écoutaient les rumeurs de la mer à travers la lumière grise. » (p. 12 M.U.) « Il revenait au jour et demeurait longtemps sans bouger, ne regardant point la mer. » (M.U. p. 13)
De même, plus loin, alors qu'il tente à nouveau de regarder vers l'horizon : « Il avait alors un véritable brouillard devant la vue. »
« Il demeurait immobile tout le jour, en face de la mer a demi penché sur le bruit des vagues fuyant le large. » (M.U. p. 41)
C'est à la dernière page de la nouvelle qu'une sentence de Pallas Athéna semble apporter une clef interprétative de l'énigmatique station contemplative : « Assez longtemps tu as regardé cette terre morte […] Entends, la mer revient sur toi […] elle te tourne vers ton âme. »
Mais en deçà de cette primitive nouvelle, l'incipit de Thomas prend naissance dans la propre origine même du court récit de Blanchot, le Chant V de L'Odyssée de Homère, qui en quelques lignes relate le passage de son héros chez la nymphe Calypso :
« Mais Hermès ne trouva pas à l'intérieur de la grotte Ulysse au grand cœur. Assis sur le rivage, et toujours au même point, il pleurait, son cœur se brisait en larmes, gémissements et chagrins. Et sur la mer inlassable il fixait ses regards en répandant des pleurs. »
Là n'est pas la moindre qualité de la nouvelle de Blanchot que d'offrir au lecteur une origine mythologique éminemment signifiante à son premier roman.
L'Odyssée, au-delà de Thomas, fournit d'ailleurs peut-être un cadre à d'autres récits, tel que Au moment voulu, dont la première partie parait en revue sous le titre : Le Retour. Outre cette filiation mythologique avec les romans futurs de Maurice Blanchot, Le Mythe d'Ulysse serait à analyser, (comme tout premier écrit romanesque ?) à l'aune de sa relation avec la figure de l'artiste démiurge et celle de Blanchot en particulier. Car les allégories de l'écrivain traversent et, sans doute, portent le récit, figure puissante et fragile tour à tour investie par les sirènes, Ulysse (« je n'envierai point aux dieux leur royaume, si le mien me fait maître des fictions… ») et surtout Protée.
Protée, tout puissant maître des formes qui offre à Ulysse son pouvoir et déclare : « Sois donc, bon Ulysse, roi des chaos, père des mon[s]tres, détruit l'achevé, défait le parfait, mets partout l'élément inégal, ennemi du stable et où se rompt l'équilibre. Tu m'auras dans tous ces ouvrages comme un père favorable et un auxiliaire. »
Mais aussi Protée instable, dont les mutations infinies sont autant un pouvoir qu'une malédiction : « Je ne me dérobe point, […] je tente d'échapper à moi-même, pour que mes changements ne soient des retours secrets, ces mouvements qui émerveillaient l'étranger ne sont point pour la fuir mais me fuir et retracer près de lui. »
Protée est-il le double fictionnel de Maurice Blanchot ? Ce qui est sûr du moins c'est qu'auprès de cette figure tutélaire, le solitaire Ulysse, lui, est bien le « Toma » du personnage principal de l'œuvre à venir, comme il l'annonce lui-même prophétiquement à sa nymphe : « Calypso : […] car, n'est-ce pas, tes pensées ne sont plus sombres, comme elles l'étaient ? Ulysse : – Pourquoi me le demandes-tu ? Je ne crois pas qu'elles aient jamais été sombres, mais elles sont toujours obscures, plus obscures qu'hier encore. » (M.U. p. 28)
Unique exemplaire de la première fiction, inconnue à ce jour, de Maurice Blanchot et véritable pierre de rosette de Thomas l'Obscur.

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