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Autographe, Edition Originale

Renée VIVIEN Lettre autographe signée adressée à Natalie Clifford Barney : "Tu vois bien que mes pensées te reviennent toujours."

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Renée VIVIEN

Lettre autographe signée adressée à Natalie Clifford Barney : "Tu vois bien que mes pensées te reviennent toujours."

s.l. [Paris] 30 mars 1905, 11,5x15,9cm, 6 pages 1/2 sur deux doubles feuillets.


Lettre autographe signée « Pauline » de Renée Vivien adressée à Natalie Clifford Barney et rédigée à l'encre violette sur deux doubles feuillets à liseré de violettes.  Pliures transversales inhérentes à l'envoi.
Très belle lettre d'amour évoquant l'unique roman de la Muse aux violettes, Une femme m'apparut.
 « Comment aurais-je pu ne point songer à toi Natalie, moi qui écrivais « Une femme m'apparut » - qui l'écrivais pour la seconde fois avec mes yeux nouveaux, et devenus plus clairs – avec mon cœur plus calme et plus profond ? »
Paru en 1904, ce roman – le seul de la carrière littéraire de Renée – conte les amours de la narratrice et de « Vally », Natalie Clifford Barney, de leur début à leur fin tragique et « l'apparition » de la salvatrice Hélène de Zuylen. Réconciliée avec l'Amazone, Renée entreprend de réécrire le livre qui paraîtra au début de l'année 1906 : « Amélioration littéraire et stylistique ? Non. Le souci de se justifier à nouveau, mais cette fois-ci face à Natalie Barney, ne fait point de doute. Les remords aussi : à présent, l'apparition qui donne son titre au livre, ce n'est plus Eva-Hélène de Zuylen, mais Lorely-Natalie Barney, et cela dès la page 2. Quand on sait que, durant l'été 1904, des retrouvailles impromptues, à Bayreuth, vinrent unir Natalie Barney et Vivien, on comprend mieux le sens de cette nouvelle version du roman, [Renée] ne fait que revenir sur son passé amoureux, pour nous en livrer une seconde version, revue et corrigée. Elle efface ainsi le choix final qu'elle avait suggéré dans la première version. Palinodie complète, et que vient confirmer le texte même des lettres que Vivien écrira à Natalie Barney en 1904 et surtout en 1905. » (J.-P. Goujon, Tes blessures sont plus douces que leurs caresses) Cette confusion des sentiments transparaît à travers cette lettre emplie d'oxymores : « je goûte une tristesse charmante à t'évoquer […] quand je songe à toi, j'évoque ma plus belle douleur » La tristesse – mêlée à un amour inconditionnel – est ici poussée à son paroxysme : « Ne te laisse pas attrister par ma lettre grise de ce soir. Il y a des heures ternes – ce sont peut-être les meilleures – Dans tous les cas, ce sont les plus vraies […] Et ceux qui sont, comme tu le dis « ingrats et joyeux » sont fort à plaindre. » Vivien s'efface tout à fait au profit de son aimée, lui proposant même de vivre à sa place : « Va – si tu le peux – là où je voudrais être – à Mytilène. Je verrais l'île merveilleuse à travers tes prunelles – tu me ferais respirer tous ses parfums – A dire vrai, le courage m'a manqué pour y aller. Je n'avais plus la force ni le désir de partir ainsi. Ne peux-tu, toi, aller à Mytilène et me rapporter des roses de là-bas ? » Pourtant, c'est ensemble que les deux amantes entreprendront bientôt le voyage vers Lesbos ; ce sera le dernier de leur histoire.

C'est à la fin de l'année 1899 et par l'intermédiaire de Violette Shillito que Renée Vivien – alors Pauline Tarn – fit la connaissance de Natalie Clifford Barney « cette Américaine plus souple qu'une écharpe, dont l'étincelant visage brille de cheveux d'or, de prunelles bleu de mer, de dents implacables » (Colette, Claudine à Paris). Natalie, qui venait de vivre une idylle estivale avec la sulfureuse Liane de Pougy qui l'a initiée au saphisme, ne prêta qu'une attention discrète à cette nouvelle connaissance. Renée en revanche fut totalement subjuguée par la jeune Américaine et relatera ce coup de foudre dans son roman autobiographique Une Femme m'apparut : « J'évoquai l'heure déjà lointaine où je la vis pour la première fois, et le frisson qui me parcourut lorsque mes yeux rencontrèrent ses yeux d'acier mortel, ses yeux aigus et bleus comme une lame. J'eus l'obscur prescience que cette femme m'intimait l'ordre du destin, que son visage était le visage redouté de mon avenir. Je sentis près d'elle les vertiges lumineux qui montent de l'abîme, et l'appel de l'eau très profonde. Le charme du péril émanait d'elle et m'attirait inexorablement. Je n'essayai point de la fuir, car j'aurais échappé plus aisément à la mort. » « Hiver 1899-1900. Débuts de l'idylle. Un soir, Vivien est invitée par sa nouvelle amie dans l'atelier de Mme Barney [mère de Natalie], 153 avenue Victor-Hugo, à l'angle de la rue de Longchamp. Natalie s'enhardit à lire des vers de sa composition. Comme Vivien lui dit aimer ces vers, elle lui répond qu'il vaut mieux aimer le poète. Réponse bien digne de l'Amazone. » (J.-P. Goujon, op. cit.) Suivront deux années d'un bonheur inégal, rythmées par les infidélités récurrentes de Natalie et la jalousie maladive de Renée dont les lettres oscillent entre déclarations enflammées et douloureux mea culpa. « Renée Vivien, c'est la fille de Sappho et de Baudelaire, c'est la fleur du mal 1900 avec des fièvres, des envols brisés, des voluptés tristes. » (Jean Chalon, Portrait d'une séductrice)
En 1901 survint une importante rupture qui durera presque deux années ; Renée, malgré les sollicitations de Natalie et les intermédiaires qu'elle lui envoie pour la reconquérir, résiste. « Les deux amies se revirent, et se fut, en août 1905, le pèlerinage à Lesbos, qui constitua une déception pour Natalie Barney et demeura sans lendemain. […] Le ressort était définitivement brisé. Les deux anciennes amies cessèrent de se voir dès 1907, et Vivien mourut sans qu'elles se soient revues. » (J.-P. Goujon, Ibid.)
Précieuse et très rare lettre de Sapho 1900 à l'Amazone.
 

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