George SAND
(François BULOZ)
Lettre autographe de George Sand à François Buloz
27 juillet 1861, 13,3x21cm, 4 pages sur un feuillet remplié.
Lettre autographe signée de George Sand à François Buloz, 83 lignes écrites à l'encre bleue, enveloppe jointe. Quelques ratures et soulignements de la main de George Sand. Paraphe autographe de François Buloz.
Tampon des « Archives et collections de J. L. Debauve ». Bavures sans incidence sur la lettre.
Longue lettre autographe signée de George Sand à François Buloz, l'un des fondateurs de la Revue des Deux Mondes et l'éditeur, en pré-originale, des Fleurs du Mal. La femme de lettres y évoque le théâtre de Nohant ainsi qu'Alexandre Dumas Fils, faisant montre de toute l'influence dont elle dispose dans le milieu littéraire du milieu du xixème siècle.En grande habituée de la presse – elle y a publié la quasi-totalité de ses romans en feuilletons et lui a donné un grand nombre d'articles – George Sand commente dans cette lettre les choix éditoriaux de son ami François Buloz :
« Je me décide à vous envoyer une espèce de proverbe qu'on était en train de publier sur notre théâtre de Nohant […] Ça vaudra toujours mieux que celui de votre dernier n[umér]o, qui, bien que d'un homme de mérite et de talent n'est pas du tout réussi. » L'
« homme de mérite » dont il est ici question n'est autre que Tourgueniev. En véritable patronne du théâtre de Nohant, elle dirige l'écriture des scènes et leur éventuelle publication, allant jusqu'à faire la promotion des textes de ses protégés :
« Alexandre Dumas fils qui est ici, nous a fait trois scènes charmantes qu'on répète en ce moment. Il vous serait peut-être agréable de les publier dans la revue et c'est un nom. » Elle ironise même
« ce sont d'ailleurs des scènes naïves, toute de sentiment, et qui iraient fort bien à la revue ». Protectrice avec Dumas Fils, qui l'appelait d'ailleurs « maman » dans ses lettres, elle procède comme à son habitude et le recommande en secret :
« Je n'ai pas voulu lui en parler avant de savoir si vous direz oui, car je crois qu'un refus lui serait désagréable. » Figure aguerrie de la littérature et consciente sans doute de la teneur de la
« bluette » de son protégé, qui a pourtant publié sa célèbre
Dame aux camélias il y a plusieurs années déjà, elle relativise :
« Je ne lui […] ai rien dit, ignorant s'il voudra débuter dans la revue par une bluette. Mais quelquefois les bluettes que l'on fait sans songer au public sont très heureuses, et la sienne […] est dans ce cas. » Les demandes de George Sand montrent les rouages de l'industrie éditoriale du xixème siècle, époque à laquelle les recommandations entre écrivains prenaient toute leur importance :
« Encore un mot sur Dumas. Il est occupé à faire un roman. Faut-il le pousser à vous l'offrir ou faut-il ne pas lui en parler ? […] Il a énormément d'esprit et de talent. Ce serait une bonne acquisition pour la revue. Quel prix lui donneriez-vous ? »En dépit de cette recommandation de George Sand et de l'intérêt de Buloz pour ses publications, Dumas Fils ne donnera pas suite à ces ouvertures.
1 500 €
Réf : 62790
Commander
Réserver