Librairie Le Feu Follet - Paris - +33 (0)1 56 08 08 85 - Nous contacter - 31 Rue Henri Barbusse, 75005 Paris

Livres anciens - Bibliophilie - Œuvres d'art


Vente - Expertise - Achat
Les Partenaires du feu follet Ilab : International League of Antiquarian Booksellers SLAM : Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne
Recherche avancée
Inscription

Conditions de vente


Moyens de paiement :

Paiement sécurisé (SSL)
Chèques
Virement bancaire
Mandats administratifs
(Musées et Bibliothèques)


Délais et tarifs de livraison

Conditions générales de vente

Autographe, Edition Originale

Lettre autographe signée adressée à René Peter : "je leur souhaite toutes les voluptés depuis les plus hautes jusqu'aux plus grossières"

12 000 €

Réf : 84876

Commander

Réserver

Poser une question

Marcel PROUST

Lettre autographe signée adressée à René Peter : "je leur souhaite toutes les voluptés depuis les plus hautes jusqu'aux plus grossières"

s.l. mardi (25 octobre 1904), 12,6x20,4cm, 12 pages sur 3 bifeuillets.


| "Ceux que j'aime, je leur souhaite toutes les voluptés depuis les plus hautes jusqu'aux plus grossières" |
*

 

Lettre autographe signée de Marcel Proust, adressée à René Peter. Douze pages rédigées à l'encre noire sur trois bifeuillets de pa­pier blanc bordé de noir. 
Déchirures aux extrémités le long des plis des bifeuillets, n'affectant pas le texte.
Publiée dans Kolb, IV, n°168.
Très longue lettre de Proust, pleine de sous-entendus, au dramaturge René Peter. Vantant le succès de ce dernier, Proust fait la sublime confession de sa propre vanité d'écrivain et de ses ambitions littéraires. Il laisse subtilement transparaître sa jalousie pour la maîtresse de Peter et déclare également sa dévotion absolue à Reynaldo Hahn. Il s'agit d'une des premières missives qu'il envoie à Peter, son ami d'enfance, après avoir récemment repris contact avec lui.

***
 

Proust, éternellement accablé de maux, reste reclus et s'excuse d'avoir manqué la répétition de la nouvelle pièce de Peter, Le Chiffon. La comédie en trois actes de Peter sur une musique de Reynaldo Hahn, créée à l'Athénée le mois suivant, connaîtra un franc succès et une soixantaine de représentations avant la fin de l'année. Le jeune Proust se remet à l'opinion dithyrambique de Hahn qui avait assisté aux répétitions, et la missive se mue en une déclaration d'amour au compositeur et à son jugement impeccable :


"Reynaldo m'a dit que votre pièce était délicieuse et ravissante, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, qu'il y avait ri et pleuré comme il ne rit et pleure jamais au théâtre et que la langue était exquise. Cela j'en étais certain. Mais ne connaissant rien de vous, je ne pouvais savoir si vous aviez le génie dramatique. J'en suis certain maintenant car si je ne connais pas de juge aussi sévère, aussi ridiculement sévère que Reynaldo, je n'en connais pas non plus qui ait plus de goût. De sorte que sa sévérité habituelle, sa perspicacité foncière, donnent à son enthousiasme une valeur très grande à mes yeux".



Dans un enchevêtrement caractéristique d'aveu et de déni, Proust cache à peine ses ambitions et sa quête de reconnaissance. Il appelle de tous ses vœux les mêmes lauriers qu'il place sur la tête de Peter :


« votre pauvre et charmante mère qui comme tous ceux qui aiment et qui ont vécu, la vie meurtrissant toutes nos tendresses, a tant souffert, assiste à ce grand bonheur, à ces premiers rayons de la gloire sur votre front charmant, que Vauvenargues dit plus doux que le soleil levant. Je n'en parle que par citation, ne les ayant jamais connus moi-même ! »



Il finira même par instiller sa vocation littéraire dans le parcours du narrateur de La Recherche, sa formation d'homme de lettres davantage marquée par les déceptions que par les « rayons de la gloire » tant attendus par Proust lui-même. Elle culmine cependant dans le Temps retrouvé par une épiphanie : le narrateur sait maintenant quoi écrire et, surtout, comment l'écrire.
La lettre marque les débuts du trio Proust-Peter-Hahn dont la complicité était telle qu'ils formeront un vocabulaire spécial dont eux seuls avaient le secret. Le fleuve de mots de cette lettre illustre parfaitement cet indéniable lien entre désir et admiration intellectuelle :

« Car je tiens aussi au succès, je suis extrêmement matériel dans mes vœux pour ceux que j'aime et je leur souhaite toutes les voluptés depuis les plus hautes jusqu'aux plus grossières ».  





Malgré ces démonstrations de générosité, l'écrivain ne peut cependant masquer une certaine jalousie envers Robert Danceny, fictif co-auteur du Chiffon qui n'était autre que la maîtresse de Peter, Mme Dansaërt. Proust lui fait élégamment mais explicitement référence :




« Cela me rend heureux de penser que la charmante femme dont on m'assure que c'est elle qui se cache sous le nom masculin de votre collaborateur, sera de moitié dans votre œuvre. Je ne dis pas de votre succès, car collaboratrice ou non, elle eût toujours par le cœur partagé votre succès, ayant je crois pour vous une amitié profonde ».




Typique d'un Proust transposant ses désirs à travers la fiction, l'écrivain formera dans les années suivantes divers scénarios dramatiques et morbides entre Peter et cette jeune femme : "j'ai peur qu'une fois marié, sa femme ne prenne ombrage de Me Dansa[ë]rt, que lui-même ne s'éloigne d'elle et que celle-ci se tue" écrit-il à Reynaldo Hahn en 1911. Proust ira même jusqu'à suspecter une liaison entre Peter et son secrétaire Robert Ulrich, qu'il reprochera violemment au dramaturge dans des lettres passionnées. 

Exceptionnelle lettre d'un Marcel Proust avant la légende et la gloire, qui aspire secrètement à la reconnaissance littéraire dont Peter jouit déjà grâce au succès de sa pièce de théâtre. Cette missive rassemble de grands protagonistes de la vie sentimentale tumultueuse et secrète de l'écrivain, qui nourriront plus tard les intrigues de la Recherche.















12 000 €

Réf : 84876

Commander

Réserver