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Joris-Karl HUYSMANS Lettre autographe signée à Camille Mauclair : « ah ! le foutu Dieu ! »

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Joris-Karl HUYSMANS

Lettre autographe signée à Camille Mauclair : « ah ! le foutu Dieu ! »

Paris 8 février 1894, 10,6x13,5cm, un feuillet remplié.


Lettre autographe de Joris-Karl Huysmans signée adressée à Camille Mauclair, 44 lignes écrites à l'encre noire, 3 pages sur un feuillet remplié, correction manuscrite de l'auteur.
Deux restaurations à l'aide de bandes de papier en pliure haute et basse de la lettre, la seconde bande porte très légèrement atteinte à un mot du texte, une pliure inhérente à la mise sous pli de la lettre.
Longue et belle lettre où transparaît tout le respect et l'intérêt de Huysmans pour les écrits de la jeune génération symboliste.
À la fois auteur et critique littéraire, Huysmans incarne une figure centrale pour les jeunes poètes, à l'image de Camille Mauclair, alors âgé de 22 ans, qui lui adresse l'un de ses premiers recueils poétiques : « Le chapitre sur le symbole est parfait ; c'est à coup sûr, la première fois que l'on explique et qu'avec une telle lucidité, on remet les choses en place. »
Cœur du symbolisme et de la fibre poétique propre à Huysmans, la musique de la langue est particulièrement mise à l'honneur tant dans les propos que dans l'écriture de l'auteur : « les morceaux sur la mort, sur la sensualité, sont tissés en la plus vivante des langues […] et le bel écrivain que celui qui a fait la trouvaille de l'absoute du froid et de l'éther, qui a écrit de telles phrases : « nous nous efforçons de déterminer notre fantôme véridique dans le tumulte des apparences ». »
Introduite par la mention du mythe de Narcisse, figure symboliste par excellence, la lettre montre les interrogations philosophiques qui sous-tendent le mouvement. « Narcisse est Dieu – C'est pourtant pas bien beau de se contempler l'âme […] Il est vrai que, vous-même, en un mélancolique retour sur la vanité de l'être, avez montré en une vibrante page les comédiens de nous-mêmes que nous sommes ».
Les évocations mystiques, directe à Satan et plus ambiguë à Dieu, font écho à la conversion littéraire de Huysmans qui, en 1894, prépare l'écriture d'En Route, premier volet de sa trilogie, pendant direct du « livre noir » qu'est Là-Bas : « ah ! le foutu Dieu ! Vraiment cela me fait rêver à une littérature qui nourrisse moins son Satan, comme vous dites, à une littérature d'humilité ! »
Habitué des réflexions théoriques digressives sur la littérature, Huysmans termine sa lettre par : « Au fond, je suis bête de vous chicaner sur des idées, car, en somme, toutes celles que nous exprimons et que nous rendrons le furent déjà, dans d'autres temps, et elles sont plus ou moins neuves, selon qu'elles sont plus ou moins oubliées, mais ce qui n'est pas fait avant vous, ce qui vous appartient en propre, c'est la façon de les enrober. Et c'est là où je vous admire sans réserve, car ces phrases sont bien vôtres. »
 

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